En arrière plan du scénario, comme fil conducteur du propos : la Sourate de la Vache. Evidemment, ça ne parlera pas à tout le monde, moi le premier. Pour situer, cette Sourate est la plus longue du Coran. Elle contient en fait tous les préceptes, les obligations, les interdits, les recommandations, le mode de vie, la soumission à Dieu et sa Volonté. Au fil du scénario, cette Sourate est plusieurs fois évoquée dans une image figée : la cour d’un édifice religieux (une mosquée vraisemblablement, sinon une école coranique), avec une rangée d’hommes d’un côté et en face à distance une rangée de femmes, voilées comme il se doit en Iran. Au milieu, une vache immobile. Il y a certainement un contenu et du sens dans cette image allégorique. On sait aussi que le cinéma iranien, coincé par la censure, reste soit un moyen de jouer avec les autorités (qui n’y voient parfois que du feu), soit de faire passer des messages avec le souci de faire bouger les lignes de la société très conservatrice. Elle est et reste conservatrice la société iranienne, sinon ça fait longtemps que le régime théocratique aurait explosé en plein vol. Voilà pour le cadre. Sur le fond de l’histoire, on suivra dans ses difficultés matérielles et le fardeau de sa vie quotidienne une femme qui élève seule sa fille sourde et muette. Une veuve, et pour cause, puisque son mari a été condamné à mort et exécuté « par erreur ». Une « erreur » que l’autorité judiciaire reconnait spontanément sans que rien ne lui ait été demandé à ce sujet. S’en suivra une rencontre avec un homme qui s’immiscera peu à peu dans la vie de cette femme, pour la soutenir, pour l’accompagner, pour l’aider sans que rien ne lui ait été demandé à lui non plus. Le spectateur comprendra rapidement que cet homme
a une responsabilité personnelle
dans la peine irréversible qui avait été prononcée contre le mari et père et pour laquelle
il culpabilise
. Mais « le pardon » dans tout ça ? J’avoue ne pas avoir saisi, sans doute parce que les codes et les références nécessaires me font défaut. Il y a bien la mère de la victime du crime qui se sent coupable aussi qu’un innocent ait été condamné par erreur et qui vient, derrière la porte de l’appartement,
laquelle ne lui sera pas ouverte
, implorer le pardon. Récemment, un autre film iranien, « Yalda, la nuit du pardon » (2019), évoquait déjà cette notion de pardon, une valeur de la religion et un élément du système judiciaire iranien, les deux étant étroitement liés. Le rythme reste lent, le ton monocorde. Ce qui ne facilite pas l’accroche du spectateur occidental lambda qui a du mal sur le fond même s’il comprend bien que la peine de mort « sans laquelle les assassins se sentiraient tout puissants » (c’est dans une scène et ses dialogues), est au cœur du sujet. Un débat qui a déjà traversé l’Occident. Est-ce la volonté de Dieu qu’un homme soit, en toute conscience tué par d’autres hommes ? Le thème central, c'est sans doute ça aussi.