Beaucoup de charme
1er long métrage pour le jeune Louda Ben Salah-Cazanas et 85 minutes plus que prometteuses. Labidi est un jeune d’aujourd’hui : il va de petites magouilles en jobs d’appoint, habite en colocation dans une chambre de bonne et se rêve écrivain. Mais sa rencontre avec Elisa l’oblige à repenser son train de vie au-dessus de ses moyens. Un portrait réaliste d’une jeunesse entre précarité, petits boulots et désir de se réaliser, sans esbroufe, sans casting ronflant, mais avec une vraie sensibilité et une justesse appréciable. A découvrir.
Il ne s’en cache pas, notre jeune réalisateur nous propose un drame teinté de romance à forte connotation autobiographique. D’où ces mots que prononcés par le héros: Quand j’écris, je le fais pour moi. Le scénario sait éviter les clichés habituels sur la jeunesse : drogue, alcool, soirées en boites, sexe à tous prix, etc. Non, les deux personnages centraux sont calmes, plutôt sages, intelligents, équilibrés, bosseurs, ce qui ne protège pas pour autant des emm… Problèmes d’argent, dilemme amoureux, chômage, emplois précaire, petites magouilles, apprentissage du deuil… Mais tous les deux sont travailleurs et leur talent les aide à surmonter les crises. J’en connais qui reprocheront sans doute l’apparente banalité des personnages et des situations, mais franchement, on peut se laisser prendre à ce marivaudage très contemporain. A remarquer le magnifique Un homme heureux de William Sheller qui accompagne le générique de fin. Excellent choix, tout comme celui que vous ferez si vous allez voir ce petit film qui a tout d’un grand.
Aurélien Gabrielli, avec son côté à la fois lunaire, un peu froid et pince-sans rire, séduit d’emblée. Même si on n’est pas d’accord avec ce qu’il dit ou fait, il provoque l’empathie. Une découverte. Tout comme la craquante Louise Chevillotte qui m’a beaucoup fait penser à Sandrine Kiberlain à ses débuts avec cette grâce particulière et une vraie présence à l’écran. Citons encore Saadia Bentaïeb, Jacques Nolot et Léon Cunha Da Costa qui complètent avec bonheur le haut de l’affiche. Ce film est un véritable remède à la nostalgie. Du réalisme social en gris et rose pour une des belles surprises du moment sur nos écrans.