Sur le fond, rien de bien transcendant. Rusty James est tiré d'un best-seller jeunesse de Susan Hinton (qui fait une apparition dans le film, sous les traits d'une prostituée). Francis Ford Coppola reste dans la lignée de son film précédent, Outsiders : affrontements entre clans de jeunes, oisiveté, drague, évocation d'un mal-être, entre psychanalyse light et Salut les copains. Mais sur la forme, c'est un festival. Une esthétique très travaillée du début à la fin. Un hommage à l'expressionnisme : noir et blanc superbe, jeux d'ombres très graphiques, brume artificielle, cadrages insolites, gros plans et profondeur de champ. Côté bagarre, la scène de l'entrepôt, très chorégraphiée, est digne de West Side Story. Et la grosse horloge qui apparaît plus tard est probablement un clin d'oeil à Harold Lloyd. Bref, c'est un film truffé de références, réalisé par un surdoué cinéphile. Cela vaut aussi pour le personnage de Mickey Rourke (The Motorcycle Boy) qui fait écho à celui de Marlon Brando dans L'Équipée sauvage : personnage énigmatique, paumé, félin et séducteur, imposant malgré sa petite voix. Mickey Rourke est la révélation du film.
À noter que la musique, jazzy-rock (avec pas mal de percussions), est signée Stewart Copeland, le batteur de Police.
Le titre en VO, Rumble Fish, signifie "poisson combattant". On en retrouve quelques spécimens à l'écran, symboles de la destinée des deux frères et seules touches de couleur dans le noir et blanc.
Grand Prix de la critique internationale au festival de San Sebastián 1984.