On a forcément ici un film important. Difficile de l’appréhender surtout que c’est mon premier Godard, le premier d’une longue série j’espère. Alors le début je l’ai trouvé génial, Belmondo charismatique, qui balance sa fameuse réplique qui fait mouche, le montage très cut et rythmé met tout de suite dans l’ambiance. Voir ça à l’époque, ça devait être grandiose.
Bon on a dit tout et son contraire sur Godard, je ne peux évidemment pas donner un avis global sur lui à partir d’un film, mais je pense que si on considère ce film uniquement il y a un côté très ludique qui peut nous parler à tous. Quand Belmondo est dans sa bagnole, qu’il se promène sur les routes et se dit « c’est beau la France », on le suit volontiers, rien que ça et je crois déjà au film. De manière générale c’est très libre, je pense aux nombreux faux raccords (ou jump cut) qui donnent parfois un rythme étonnement « rapide » aux scènes et au film, qui de toute façon est loin d’être lent. Pour qui aime le cinéma on ne peut que se réjouir de ce genre de choses qui paraissent très connes en définitive mais qui rendent merveilleusement bien. J’ai adoré l’utilisation des panneaux où défilent des textes et qui servent plus ou moins d’intertitres vers la fin. Mais ce qui rend le film assez fascinant, c’est la femme, Jean Seberg, magnifiquement filmée, dont le sourire ne peut que charmer le spectateur (même si son personnage est « dégueulasse »). J’aime beaucoup la scène ou les deux se retrouvent dans la chambre d’hôtel, elle est assez longue, prend le temps. Tous les dialogues du film sont assez marquants, il y a bien sûr l’apostrophe de Belmondo mais c’est loin d’être tout, mais parmi les plus belles, l’homme interviewé qui répond que son ambition dans la vie est de vivre éternellement et de mourir et bien sûr la dernière réplique de Patricia qui conclue le film, avec au passage un très beau plan. Et puisque je me lance là-dessus, parlons-en des plans. Que ce soit au niveau de la photo ou de la réalisation il n’y a rien à dire, c’est une leçon tout simplement. Alors on pourra dire qu’il y a des gens qui passent parfois devant la caméra, mais tout cela ne fait que contribuer à la grande liberté et poésie du film, qui par ailleurs passe à grande vitesse. C’est plutôt tant mieux, on a pas le temps de se faire chier. Et de toute façon voir Godard filmer Jean Seberg pendant deux heures avec de magnifiques gros plans ça me suffirait !
Je pouvais m’attendre à un « road movie » (terme un peu anachronique j’en conviens) mélancolique mais ce n’est pas du tout le cas, bon on est parfois dans la voiture… Mais ce serait plutôt une virée poétique dans Paris d’un tueur recherché qui essaye tant bien que mal de recoucher avec son américaine (pas la voiture, la fille). La musique marche bien aussi, nous plonge dans l’atmosphère du film. Que du positif donc. Le point négatif c’est qu’on peut trouver ça trop court, même si je trouve qu’au contraire ça permet au moins d’avoir un bon rythme ; et que je vais être obligé de le revoir bientôt ! Rien que pour l’intro ça vaut largement le coup ! Bref c’est très plaisant et c’est un film qu’il faut voir. Si je voulais chipoter je dirais que j’aurais aimé être plus touché par le drame de ce couple, mais puisque ce n’est pas le but du film je ne le ferai pas. A noter que Godard se paye quelques petits caméo ne serait-ce que sonores, j’ai reconnu sa voix dans la scène de l’interview du type (qui est très sympa et très libre elle aussi), c’est toujours marrant ce genre de choses. Et puis merde, c’est vrai que les apostrophes sont assez grandioses.