Bien- sûr un film culte, mais surtout LE film qui révolutionnera le cinéma. C’est le Break avec à la fois ; le cinéma de studios Hollywoodien , mais aussi avec le cinéma de papa Européen. Il y aura un avant, et un après « A bout de souffle ». C’est le film révolutionnaire de la « nouvelle vague », comme il y en aura pas plus d’une 10e dans toute l’histoire du cinéma.. Tout d’abord bien sûr par la forme, avec cette caméra sur l’épaule, et ces tournages en extérieurs, en live, sans éclairage de studio. La qualité dépend alors uniquement du Chef Opérateur et de sa capacité à capter la lumière naturelle et à la magnifier. Les scènes de descentes, puis remontées des Champs Elysées sont magnifiques, une vraie œuvre d’art. Les voyages en voiture aussi , tout cela est filmé au plus près des visages, au naturel ( mais un naturel transformé, « interprété » , car très poétisé) . Il y a ensuite des dialogues formidablement écrit, très littéraire, C’est ce qui fait la patte de Godard, son écriture, ses textes : « la différence entre le néant et le chagrin » de Faulkner , « être immortel puis mourir », « si t’aimes pas la campagne, si t’aimes pas la ville , vas te faire foutre. ».Tous les dialogues de Belmondo sont tirés au couteau. C’est plein d’humour mais aussi plein de tragédie (la scène du meurtre du motard, est un must de distanciation, légèreté mêlée de drama, on devine que cela se finira mal, mais tout cela se passe en plein soleil, avec Belmondo qui tient son arme comme un jouet, mais il commet bien un crime) . Il y a aussi plein de clins d’œil : la couverture des « Cahiers du cinéma », les posters de y a aussi une bande son extraordinaire , Free jazz, qui aujourd’hui encore en 2014 nous magnétise. Et puis bien sûr il n’y aurait pas « A bout de souffle » sans Belmondo. Il est absolument phénoménal, en jeune homme absolument libre, amoral, insolent, naturel, exubérant. C’est un hymne à la liberté, à la folie aussi, à l’homme non civilisé. JPB permet au film d’atteindre un autre palier. Il a une fraicheur dans son jeu qu’il ne retrouvera plus jamais. Dans tous ces films futurs il essaiera de retrouver ce ton, son ton, sa « marque ». Mais se sera souvent de la réplétion, mais comme souvent avec les grands artistes, le premier jet était le meilleur. De même pour Godard qui voudra renouveler ce succès, mais qui ne l’égalera jamais, même dans ces quelques autres chef d’œuvre ultérieurs (Pierrot Le fou & Le Mépris ) . C’est un film où quelque chose se passa, une nouveauté à l’état brut, un pan de l’histoire du cinéma se tournait, en direct. Jean Seberg est aussi très bien, par sa fraicheur , son innocence , mais son conformisme, elle sert de miroir à Belmondo , et lui renvoie l’image de la raison , la voie de l’intégration à la société, elle veut lui éviter la perdition , il lui fait peur, mais c’est une cause perdue, elle en sauvera pas . Et tout cela est bouclé par une scène finale sublime, l’agonie de Belmondo, blessé à mort, ziguezaguant dans une rue de Paris , passante , au milieu d’une activité quotidienne , avec une caméra embarquée qui le suit dans un plan séquence lumineux . C’est beau, c’est puissant, et cela nous laisse à bout de souffle.