À bout de souffle, film mythique du cinéma français et mondial reste l'œuvre majeure (et première) de la carrière de Jean Luc Godard.
Cette aventure est merveilleusement bien menée par Belmondo et Jean Seberg somptueux. En 13 min, l'épopée est déjà pleine de rebondissements, 2 personnes sont mortes, 2 femmes avec *Belmondo, 2 plans complémentaires (de face large et de dos large à la suite), plusieurs journaux et 2 références par Godard au cinéma. Pour continuer à parler technique, dans l'agence américaine le plan séquence est splendide:
Tout d'abord Michel* entre et les enquêteurs arrivent lorsqu'ils part. Ce long plan est comblé par des plans coupés pendant les discussions, mauvais montage ou style frénétique ? En revenant aux plans coupés qui produisent un rythme rapide par leurs accumulations, des plans d'ensemble (champs Élysées en rotation laterale) se solidarisent avec des plans à l'épaule très mouvementés, comme Michel avec ou sans Jean Seberg d'ailleurs.
Venons en aux tenues et aux styles des personnages qui sont emblématiques. Belmondo tout le long du film reste élégant, galant, bien habillé et smart malgré ses mésaventures et son portefeuille. Son toc évidemment qui est repris par Jean Seberg (caresse la lèvre) à la fin est lui aussi une caractéristique du personnage de Michel. Ce que l'on retiendra surtout ce sont les deux tenues du couple, les rayures de leurs peignoirs sont dans un sens opposé, Belmondo, vif, actif et Seberg, calme, posée et complentative.
Ce film est surtout rempli de sensualité entre les deux personnages, les caresses sont suivies par la caméra. Nous sommes dans le mouvement amoureux du film. Les regards nous plongent dans cet amour inconditionnel et affranchi, les deux se regardent.. comme Belmondo regarde la camera et comme nous ne les voyons plus lorsqu'ils sont sous le drap. Jean Seberg dit cette réplique qui résume assez bien A bout de souffle lorsqu'elle ferme les yeux pour que "ce soit noir" mais "ce n'est jamais complètement noir".
Et enfin par dessus (ou pas) l'amour se cache l'effroyable idée de la mort, la peur qu'habite Michel, qu'il énonce lui même. Lorsqu'il voit son journal avec son nom, la musique augmente en crescendo, c'est déjà fini pour lui. La célébrité qu'interview Jean Seberg parle lui aussi de la mort, alors elle est angoissée et regarde la caméra (encore un plan magnifique).
Pour finir, À bout de souffle est un merveilleux film mettant en scène sous une BO parfaite dans son cadre, le personnage de Michel qui mène double vie: le voleur qui est un homme apeuré et angoissé et le séduisant 'amant', romantique et drôle. L'alchimie opposée des deux amoureux fait leur union et rend le film complexe et simple, rapide et lent, joyeux et triste pour dire Godard et Godard.