A bout de souffle marque le début d’une carrière exemplaire. Exemplaire pour sa longévité, sa diversité et pour les changements qu’elle a apportée au cinéma. Cette carrière, c’est celle de Jean-Luc Godard, un monument français qui, qu’on le veuille ou non, a révolutionné le cinéma. Il prend lui-même ses inspirations dans ce film de gangster, sans oublier de citer Humphrey Bogart, mythique acteur américain qui confronte Jean-Paul Belmondo pour un passement de flambeau symbolique. En échange, il inspirera des dizaines de cinéastes, voir plus après lui, suite à cet intemporel moment de cinéma. Belmondo, est un petit voyou amoureux d’une jeune américaine interprétée par Jean Seberg. Leur aventure faite de coups bas et surtout de dialogues mythiques, en a fait un couple iconique du cinéma. Belmondo est formidable dans ce rôle, il délivre à la fois beaucoup d’énergie et de nonchalance, cite quelques phrases devenues célèbres et crève l’écran avec son charisme et son humour. Jean Seberg est plus mesurée, mais complète bien Belmondo. Si la plupart du film est fait de dialogues, la liberté prise à la réalisation permet de rendre le métrage assez rythmé. En effet, le montage prend toutes les libertés, et c’est ce qui rend cet aspect si particulier au film. Peu de choses sont explicitées pour se concentrer sur le couple Belmondo/Seberg, et Godard coupe à l’intérieur de ses plans pour raccourcir la durée du film (du jamais vu à l’époque, ce qu’on appelle un jumpcut) … A partir de ces différents éléments, d’une narration décousue, d’un style particulier pour filmer ses acteurs, Jean-Luc Godard s’impose bien vite, dès son premier film, comme un auteur différent. Il casse les codes du cinéma traditionnel. Les musiques semblent sorties d’un autre registre, elles viennent marquer une grande différence avec le ton du film, ce qui impacte la vision de l’œuvre. A travers des images, des plans, des situations, le réalisateur marque durablement le cinéma mondial. A bout de souffle, c’est aussi des regards caméras, des scènes comiques, du drame, et une fin culte. Un premier long-métrage qui installe une carrière, c’est rare, et pourtant ce n’est à l’époque que le début de la vague Godard…