Le film a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2022.
Falcon Lake est inspiré de la bande dessinée Une sœur de Bastien Vivès. C'est Jalil Lespert, qui a dirigé Charlotte Le Bon dans Yves Saint-Laurent et Iris, qui lui a offert un exemplaire de la BD en lui soumettant l'idée d'en faire un film. Il lui a proposé de l'accompagner en étant son co-producteur. Elle se souvient avoir été immédiatement séduite par le livre : "Ce récit très sensible et subtil m’a paru comme une évidence car porteur d’un immense potentiel cinématographique. Au départ, Bastien Vivès était lui-même surpris par l’idée de l’adaptation. Il était convaincu que cette histoire ne pouvait être transposable au cinéma. Pour moi, le réel défi était de me réapproprier le récit, d’en faire une œuvre intime. Avec la collaboration de François Choquet à la scénarisation, nous avons réussi à lui trouver une nouvelle identité qui m’a satisfaite. C’est une adaptation libre."
La BD de Bastien Vivès se déroule en Bretagne au bord de la mer. Charlotte Le Bon a décidé de déplacer le récit au Québec, au bord d'un lac. "Les paysages dans la région des Laurentides au nord-ouest de Montréal me sont familiers depuis l’enfance. J’avais besoin de cette familiarité pour à la fois me rassurer et bousculer mon personnage principal, qui est français. J’aimais l’idée de le confronter à l’altérité afin d’exacerber le sentiment d’isolement propre aux premiers émois."
Le cadre du film (une maison en bois un peu isolée, un lac, une forêt) et ses protagonistes (des adolescents insouciants qui connaissent leurs premiers émois) ne sont pas sans rappeler le décor de bon nombre de films d'horreur. Un genre dont Charlotte Le Bon est fan : "Quand j’étais gamine au Québec avec des copines on se faisait des soirées Scream, Souviens-toi... l’été dernier ou plus tard Shining, mortes de trouille mais ravies de l’être." Le hasard a voulu que Falcon Lake soit tourné dans une petite ville des Laurentides au Québec appelée Gore, à proximité d'un cimetière.
Charlotte Le Bon avait repéré Joseph Engel dans L’Homme fidèle de Louis Garrel. Il n'avait alors que dix ans : "j’espérais que j’arriverais à convaincre ses parents de me le laisser un mois au Canada. Ça a pris un peu de temps... Mais coïncidence, Joseph avait 14 ans au moment du tournage, c’est-à-dire en plein cœur de cet état hésitant où les gestes et les comportements de l’enfance commencent à être contrariés, voire contestés." Pour le personnage de Chloé, sa recherche a été plus longue. Sara Montpetit a répondu à une annonce vidéo en ligne, parmi 400 postulantes. "J’ai tout de suite vu que ce serait la Chloé idéale : aucune minauderie et une certaine nonchalance, totalement inconsciente de sa beauté. Malgré ses 18 ans au moment du casting, j’ai senti qu’elle était dotée d’une sagesse et d’une intelligence déconcertantes."
Falcon Lake a été tourné en pellicule 16mm. "La matérialité de la pellicule induit une esthétique plus subtile et surprenante que le numérique qui a tendance à tout égaliser et même affadir. En plus avec la pellicule, pour des raisons économiques, il est impossible de multiplier les prises à l’infini pour piocher ensuite dans le tas. Cela impose une discipline sur le plateau car il y a une matière physique à respecter", explique la réalisatrice.
C'est le mot qui résume le mieux Falcon Lake selon Charlotte Le Bon : "Mélancolie, c’est un de mes mots préférés. Cette mélancolie que j’ai vécue au plus haut point dans mon adolescence, et qui me suit toujours, est pour moi une valeur refuge, un sauf-conduit. Il ne faut pas combattre la mélancolie mais l’apprivoiser pour en faire une alliée. Une amie pour la vie, contre la tristesse."
Falcon Lake a obtenu le Prix d'Ornano-Valenti au Festival du Cinéma Américain de Deauville et le Prix Louis Delluc du Meilleur Premier Film.