Si l’on n’était pas forcément fan du cinéma de Rebecca Zlotowski jusque et que l’on pouvait trouver que la hype autour de ses films était surcotée, elle nous prouve qu’elle en a dans le ventre avec son dernier film, « Les enfants des autres ». Le film de la consécration, le film de la maturité et surtout un magnifique film d’amour et sur les différentes formes de maternité. Mais son atout maître est avant toute chose le duo de comédiens qu’elle a choisi. Les deux acteurs que sont Roschdy Zem et surtout Virignie Efira, tous deux récemment césarisés, irradient encore une fois la pellicule de leur jeu parfait, impeccable, juste, vrai et incontestablement brillant. Les adjectifs et les qualificatifs manquent tellement le jeu de l’acteur de « Roubaix, une lumière » et de l’interprète de « Revoir Paris », les deux œuvres leur ayant valu la récompense, sont au-dessus de toute critique.
Mais c’est surtout elle, dans le rôle-titre, qui nous happe et nous stupéfait le plus. Pas que le rôle de Rachel, cette enseignante juive qui désire un enfant et s’entiche de celui de son nouvel amour, soit une composition casse-gueule mais elle parvient à le transcender si l’on peut parler ainsi. A l’élever vers une sorte de perfection de jeu, où chaque regard, chaque expression, chaque geste ou chaque parole sont parfaitement en phase avec le personnage qu’elle épouse. Bien sûr, la cinéaste a choisi les bonnes prises et l’a dirigée mais Efira est vraiment une actrice caméléon impressionnante à laquelle il ne manque qu’un bon thriller pour parfaire la filmographie proche du sans-faute.
Le sujet du film, faire avec les enfants des autres donc et lorsqu’on doit s’accorder avec la progéniture d’une autre relation, est traité avec douceur, justesse et sans certains clichés ou les passages obligés auxquels il aurait pu prétendre. On n’est pas dans la jalousie, les problèmes ou autre mais plutôt l’inverse quand tout se passe trop bien. Et on oublie aussi que « Les enfants des autres » est bicéphale car c’est avant tout et surtout une belle histoire d’amour. Du coup de foudre initial jusqu’à la rupture. C’est tellement beau et bien vu jusque dans les moindres détails qu’on en reste bouche bée et qu’on vibre avec eux. Le frémissement amoureux, le rire bête quand on est fou de l’autre, les regards qui en disent long, l’attachement de plus en plus fort, ... La première partie du film est, à ce titre, tout aussi réussie que la deuxième quand le film parle plus de la maternité et de son sujet initial, tout aussi bien traité. Ce thème de la maternité est également très présent sous d’autres formes à travers le désir d’enfant et le compte à rebours de l’âge. Mais encore une fois, toujours appréhendé avec soin et objectivité.
La caméra de Zlotowski accompagne merveilleusement ces tourtereaux et si ce type de film aurait pu être platement illustré, elle nous gratifie d’une mise en scène aux petits oignons. On a droit à des ellipses délicates montrant l’évolution de la relation des deux amoureux avec ce qu’il faut de temps qui passe. On a aussi droit à quelques plans sublimes comme celui sur leurs mains qui finit sur leurs lèvres qui se touchent. C’est beau, presque poétique et on vibre avec ce couple et cet amour fou qui les étreint. Aucune longueur n'est à déplorer et cette fin en plusieurs parties, qui aurait certes pu n’en compter qu’une, permet d’aller plus loin; ce qui n’est pas un tort. Ajoutons à cela des sous-intrigues parfaitement fondues dans la trame principale (le collègue amoureux, le jeune en difficulté, ...) et qui la nourrissent davantage et on obtient un grand drame amoureux. Bouleversant et sublime, bravo mesdames Zlotowski et Efira.
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