Désir d’enfants
Depuis 2010 et Belle Epine qui avait révélé Léa Seydoux, Rebecca Zlotowski peut, à 42 ans seulement, s’enorgueillir d’une filmographie originale et de qualité. Ces 103 minutes de drame n’achappe pas à la règle. C’est du très bon cinéma. Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre… Sir un sujet très rarement abordé, sans doute le meilleur film de Rebecca Zlotowski.
Portrait sensible d’une femme de 40 ans sans enfants qui en désire un et élève en partie celui d’un autre… celui d’une autre. Pourtant, s’il on parle volontiers de « belle-mère », on n’emploie jamais le terme de « belle-maternité ». Parler de cette femme qui noue un lien intime et précieux avec des enfants, les élève une semaine sur deux pendant quelques années, sans en avoir elle-même, en acceptant de prendre le risque de devoir nécessairement s’effacer de l’équation une fois la relation amoureuse avec leur père finie… quel superbe sujet original traité ici avec une délicatesse et une intelligence rares. De toute évidence, la réalisatrice s'est beaucoup nourrie de films américains comme L'Usure du temps , Kramer contre Kramer, ou Une femme libre. Ce drame est un cri de solidarité aux femmes sans enfant - aux nullipares, comme disent les médecins, dans leur jargon déshumanisé. Tout est beau dans ce film, les sentiments de tous les personnages, la photo lumineuse et les ambitions du scénario. Un beau moment de cinéma.
La magnifique Virginie Efira porte entièrement ce film. Quand on dit qu’elle une actrice extraordinaire on a franchement l’impression de se répéter. Mais elle tient là, sans doute, un de ses plus beaux rôles. Jepense ne l’avoir jamais vue aussi bien photographiée. Evidemment, Roschdy Zem et Chiara Mastroianni, sont également parfaits. Citons encore la petite Callie Ferreire-Goncalves, Yamé Couture, Henri-Noël Tabary et Victor Lefebvre. Pour l’anecdote, sachez que Rebecca Zlotowski a découvert lors de la préparation du film qu'elle était enceinte - alors que je ne l’espérais plus – avoue-t-elle. Elle a accouché peu de temps après la fin du mixage. Longue vie à cet enfant et à ce film magnifique.