Bon, le Frelon Vert est un film agréable, mais un peu décevant quand même de la part de Gondry, même si on retrouve avec plaisir son style si personnel.
Coté casting je dois dire que les acteurs font le boulot. Seth Rogen dans le rôle titre est assez convaincant, même s’il se fait à mon sens souvent voler la vedette par Jay Chou. Ce-dernier, tout en sobriété est parfait dans son rôle et maitrise parfaitement son personnage, là où Rogen est un peu approximatif et manque de finesse dans son interprétation. Entre eux il y a Cameron Diaz, nettement sous-exploitée. Son personnage apparait peu, il semble même assez inutile en fait compte tenu du fait qu’aucun moment essentiel ne le fait intervenir. C’est assez dommageable puisqu’elle incarne quand même le seul rôle féminin et qu’il y avait, à mon sens possibilité de mieux faire. Christoph Waltz de son coté s’amuse dans son rôle de méchant, semblant souvent parodier son interprétation de nazi dans Inglorious Basterds. Il est solide mais lui aussi trop sous-exploité.
Le scénario est inégal. D’un coté il est léger, doté d’un humour sympathique, et il bénéficie d’un rythme très efficace. De l’autre, il manque terriblement de fluidité. Les événements s’enchainent sans aucune transition, les ellipses sont très balourdes, et Gondry ne maitrise pas pleinement son affaire, en ne mettant non plus en avant les moments clés. On a le droit ainsi à un dialogue long (pas inintéressant au demeurant) entre un bandit et le personnage de Waltz, alors que la conclusion avec Waltz justement est nettement expédiée. De surcroit malgré de bonnes scènes, The Green Hornet dégage un certain sentiment de superficialité, voir d’artificialité, en usant trop des lieux communs (la dispute entre les héros par exemple) et venant de Gondry c’est gênant.
Heureusement visuellement le film se rattrape, et la mise en scène est excellente. Là-dessus rien à redire, le réalisateur est en parfaite maitrise et offre un film ultra-rythmé, avec une caméra tournoyante et virevoltante. Plein d’effets de style audacieux mais parfaitement intégrés, des ralentis très bien exploités, bref c’est du solide et le spectacle est assuré. La photographie est bien sur teinte de vert, mais surtout, le film se passant souvent la nuit, il y a une remarquable utilisation des éclairages nocturnes. Ca brille, c’est étincelant, et il y a des contrastes lumineux qui donnent une très belle esthétique au métrage. Les décors enfin tiennent parfaitement la route, montrant une exploitation intelligente du budget et offrant un résultat classieux. Les effets spéciaux sont d’ailleurs du même acabit. Quelques séquences sont un peu artificielles, mais en fait, étant donné le coté rétro du héros, ca passe bien, et je crois qu’il y a un coté volontaire en la matière (qui transparait notamment lorsque Kato conduit la voiture et qu’on a l’impression de se croire dans un Hitchcock). D’excellente scènes d’action accompagnent cela, sur une bande son en revanche plutôt décevante. Le thème de la série, fameux, et très peu présent au profit d’une musique nettement moins racée et acceptable, sans plus.
Au bout du compte The Green Hornet reste un film tout à fait divertissant, et de qualité. Toutefois compte tenu de son budget élevé je me dois d’être plus pointilleux, et il n’est pas exempt de défaut. Il laisse un peu trop certains de ses personnages principaux de coté (Diaz, Waltz), et le scénario est tout de même faiblard, sans parler de sa fluidité de mammouth. Il mérite 3.5.