Comédie dramatique de science-fiction, écrite et réalisée par Andrew Niccol, S1m0ne est un long-métrage aussi intrigant que réussi. L'histoire nous fait suivre Viktor Transky, un réalisateur hollywoodien sur le déclin, qui doit faire face au départ de la vedette capricieuse de son film. C'est alors que son studio, dont son ex-femme est la productrice, refuse de continuer à le financer. Résigné, l'homme est abordé par Hank, un admirateur le suppliant d'utiliser son programme développé pendant huit ans permettant de créer des acteurs virtuels parfaitement réalistes. Après un refus et par un hasard de circonstances, il se met à utiliser le logiciel et relance totalement sa carrière. Seulement, il ne s'attendait pas à ce que son succès soit aussi problématique, surtout que dans le même temps deux personnes enquêtent sur l'actrice impalpable. Ce scénario est plaisant à visionner pendant toute sa durée de près de deux heures. On assiste pendant tout ce temps à une machination partant d'un bon sentiment, qui va se transformer en véritable malédiction. En effet, la supercherie va totalement échapper à son créateur et ainsi lui porter préjudice. Il va alors tenter par tous les moyens de cacher cette star que les médias et la foule veulent voir en chair et en os. Cette intrigue est notamment intéressante pour les réflexions qu'elle soulève et les questionnements qui en ressortent quant à l'utilisation d'une image virtuelle aux dépens du public sans qu'il le sache. Une thématique avant-gardiste vraiment passionnante sur les possibilités nouvelles qu'apporte cette technologie. Tout cela est raconté sous le ton de la satire et provoque quelques sourires. L'ensemble est très bien porté par un Al Pacino dépassé par sa créature factice incarnée par Rachel Roberts. Catherine Keener, Winona Ryder, Jay Mohr, Evan Rachel Woods ou encore Pruitt Taylor Vince complètent la distribution. Mais les deux visages que l'ont voit le plus à l'écran sont ceux des deux rôles principaux qui entretiennent une relation ambiguë. Le rapport avec son ancienne épouse fonctionne bien également. Tous ces individus parviennent à procurer quelques émotions, même si cette romance virtuelle aurait pu être encore plus belle et profonde en creusant l'aspect dramatique. En l'état, l'entre deux rend le tout un peu neutre. Il aurait été préférable d'aller carrément franchement dans l'un ou l'autre aspect. Mais on ressent tout de même quelques petits sentiments, amenés entre autre par des dialogues de bonne facture, même si là encore ils ne vont pas assez loin dans le côté touchant. Sur la forme, la réalisation du cinéaste néo-zélandais s'avère bonne, sans briller pour autant. Sa mise en scène manque de personnalité mais évolue dans des décors appréciables. Hélas, le visuel n'est pas très attirant à cause d'un étalonnage aux teintes trop marquées, assez repoussant. Ces images peu reluisantes sont accompagnées par une b.o. signée Carter Burwell, dont les compositions bénéficiant d'une grande présence à l'écran sont agréables, même si les notes sont assez quelconques et manquent d'identité. Cette tromperie virtuelle s'achève sur une fin satisfaisante, venant mettre un terme à S1m0ne, qui, en conclusion, est un film au sujet pertinent, méritant donc d'être regardé.