Comme tout réalisateur de films d'horreur gore, Rod Jabazz poursuit avec The Sadnesse un double objectif : provoquer le dégoût du spectateur et susciter sa frayeur. Ces deux cibles sont-elles atteintes ? Je n'en ai pas l'impression. L'excès nuit en toute chose, disait Sénèque, et l'adage, ici encore, se vérifie pleinement. L'avalanche d'hémoglobine, de tripes, de vomissures, les carotides qui explosent à tout moment, les membres lacérés, les orbites perforées, tout cela crée très vite un effet d'habitude et l'on ne s'aperçoit plus très bien, en définitive, des mutilations diverses infligées à tous ces corps. Quant à la peur, elle n'est pas au rendez-vous : on a le plus souvent envie de rire, par exemple à la transformation attendue de M. Lim, le voisin qui cultive du basilic, à celle du chef de l'armée, se métamorphosant en direct à la télévision, ou aux efforts déployés par le pervers libidineux du métro pour s'emparer de sa victime. Même les bébés dans la poubelle ne réussissent ni à émouvoir ni à effrayer. Reste que le film est plutôt plaisant à suivre grâce aux deux héros, Kat et Jim. Tous deux sont extrêmement beaux, sympathiques et charmants, et le spectateur vibre intensément aux efforts qu'ils déploient, chacun de son côté, pour se sortir des situations terribles dans lesquelles ils sont et parvenir à se retrouver. Jusqu'au dénouement, on est tenu en haleine pour savoir quel sera leur sort. Ce dénouement est-il conforme aux attentes du spectateur ? Chacun se déterminera en fonction de ses goûts et de sa sensibilité..