Je suppose qu’il existe de très beaux films taiwanais, poétiques et contemplatifs, mais le premier qui me tombe entre les mains est au contraire un sommet de sauvagerie et de cruauté pure. N’empêche qu’il me faisait terriblement envie, ce spécimen’…et comme tous les films qui font terriblement envie, il n’était au final pas tout à fait à la hauteur des espoirs démesurés que j’avais placé en lui. Pensez-donc, un film dont les premiers retours affirmaient que les spectateurs vomissaient en sortant de la salle ! ‘The sadness’ est un film de pandémie, justement tourné durant la pandémie, dans lequel les contaminés ne termineraient pas zombifiés mais plutôt soumis à toutes leurs pulsions meurtrières et sexuelles. Sur la forme, on se retrouve en terrain connu : une mise en place efficace, quelques coups de sonde pour titiller le spectateur…et c’est alors qu’un geyser de sang dans le métro donne le signal des hostilités ! A partir de là, ‘The sadness’ part en vrille totale, multipliant les effets gores de plus en plus extrêmes, s’enfonçant de plus en plus loin dans l’ignominie, avec des personnages plus barrés, orduriers et dégueulasses que tout ce qu’on avait pu observer ces dernières années. Quelques scènes méritent une mention spéciale et probablement une citation aux Bloody disgusting awards et quelques acteurs, comme l’effroyable Tzu Chiang Wang, aussi d’ailleurs. ‘The sadness’ conserve en toute circonstance un côté drôle et sarcastique, qui doit évidemment beaucoup à ses excès d’hémoglobine, mais il ne se réfugie jamais derrière pour faire passer la pilule. Sur la fin, ‘The sadness’ arrive cependant au bout de ses munitions, sans doute faute de pouvoir encore aller plus loin, et les vingt dernières minutes s’écoulent dans une relative indifférence, bien loin de l’excitation primale de la première heure, ce qui est effectivement un peu triste. Pour ma part, j’ai beaucoup ri et je n’ai pas vomi mais depuis le temps que je regarde des trucs comme ça, je dois sans doute être complètement désensibilisé.