Quel choc! Et, pour une fois, ce terme n’est ici pas galvaudé! Loin s’en faut! A la limite du soutenable, extrême et sans concession, ce film gore taiwanais n’est clairement pas à mettre sous tous les yeux aussi bien à cause de sa violence inouïe, de ses scènes gores écœurantes qui feraient passer n’importe quel « Saw » ou « Hostel » pour du Walt Disney mais également à cause de son sous-texte malaisant où le sadisme, la violence sexuelle, le meurtre et la torture sont totalement désinhibés. Tourné en 2020, juste après le début de la pandémie, on regrette juste un propos de fond qui tourne clairement en dérision, voire qui critique de manière acerbe, tous ceux qui remettent en question mesures, campagnes de vaccination obligatoire ou l’instrumentalisation de la crise. Ceux qu’on appelle les complotistes... Et c’est fait de manière bien trop peu nuancée, ce qui pourra agacer les gens qui réfléchissent un tant soit peu. On pardonne cependant vu l’époque de tournage où tout cela n’en était encore qu’à ses balbutiements et on ne va pas se plaindre de voir un film d’horreur avec du fond et des convictions.
Hormis cette petite réserve et si on n’est pas allergique aux œuvres ultra violentes et gores, « The Sadness » se poserait presque comme le film ultime et définitif dans le genre. Pour surpasser intelligemment ce long-métrage en termes de scènes à la limite du regardable, il faudra vraiment avoir de l’idée et de la volonté. Et, surtout, ce qui rend tout cela si intense, c’est que la violence graphique montrée ici ne nous fait jamais rire malgré son côté extrême (ce qui arrive dans certains films de ce genre tellement c’est exagéré). Ici, le réalisme des situations et des effets est tellement incroyable qu’on ne peut qu’être admiratif et/ou choqué. Chapeau au responsable des trucages et maquillages car toutes les éviscérations, décapitations, éventrements, perversions, effusions de sang ou autres représentées dans ce film sont d’une véracité à couper le souffle. Et si ce n’était pas le cas, comme le film nous dispense de tout second degré, cela aurait pu vite virer au ridicule. Mais il n’en sera rien ici. Durant plus d’une heure et demie, sans aucun temps mort, on est happé par cette histoire où un couple tente de se retrouver alors qu’une épidémie similaire à la rage rend les habitants d’une ville complétement fous, ultra violents, obsédés sexuels et sadiques.
De plus, les deux acteurs principaux sont bons et leur histoire d’amour, aussi classique soit-elle, est plausible. On n’est pas non plus dans une romance sérieuse mais on s’attache à eux, ce qui permet l’implication du spectateur courageux face à ce déferlement de violence sous toutes ses formes. La mise en place est courte, concise et efficace et quand vient le moment de lâcher les fauves, les séquences cultes, mémorables et complètement folles s’enchaînent à vitesse grand V. Des morceaux de bravoure horrifiques et gores qui feront date dans une ambiance malsaine et putride. On retiendra la scène du métro où le stress et l’effet de choc sont à leur paroxysme et toute la partie à l’hôpital où il est difficile de retirer un moment plus qu’un autre. De toute manière chacune des séquences mises en scène par Rob Jabbaz est un choc à elle seule et une leçon de cinéma de genre. On est loin d’être dans une série Z mais plutôt dans une série B magistrale qui a le mérite d’être intelligente, puissante et implacable dans son jusqu’au-boutisme. La note d’intention est plus que respectée et si les réactions de certains personnages sont parfois un peu incompréhensibles (ils voient le danger mais sont un peu long à bouger), on est absorbé dans un tourbillon de folie et d’horreur physique et morale qui fera date. Un sacré choc à ne pas montrer aux âmes sensibles. Il faut vraiment avoir l’estomac accroché.
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