Pour Sophie Letourneur, il n’y a rien de plus beau que la normalité. Dans ‘Énorme’ déjà, étrange comédie sur la grossesse, le doute était entretenu sur la nature de l’approche, fictionnelle ou documentaire. Cette fois, ce sont des vacances en Italie qui constituent le terreau de cette normalité, des vacances qui, débarrassées de leurs clichés romantiques, se résument à des chicanements quant au fait de savoir si aujourd’hui, ce sera plage ou randonnée sur le volcan, agrémentées de triviales prises de bec de couple. Filmé comme une vidéo de vacances, “remontée” a posteriori par le couple de retour à Paris (la fictionnalisation de la fiction dans le cadre d’une fiction, en quelque sorte), ces vacances transpirent l’ennui, la mollesse, l’indécision,...la “normalité” en somme. L’idée peut présenter un certain intérêt sur le papier mais la normalité, clairement, c’est d’un ennui sans nom, et ‘Voyages en Italie’ peut sans doute expliquer pourquoi regarder photos, films et diapositives des vacances des autres est une assez bonne définition de l’enfer. Le plus curieux, c’est que la réalisatrice, pour cette ode à la normalité la plus insipide, ait choisi l’un des spécimens les plus bizarres du cinéma français, celui qui malgré tous ses efforts, ne parviendra jamais à paraître complètement “normal”.