Très grand film de Bonello, avec des scènes plastiquement magnifiques comme toujours chez lui. Contrairement à ce qui est souvent écrit, le film est assez simple, puisqu'il traite de la réincarnation sur trois époques différentes (le passé, le présent, le futur) avec en fil rouge la thématique de la poupée, plus ou moins technologiquement avancée, les relations, de séduction, de prédation, ou neutralisées, entre un homme et une femme, la danse dans un espace clos, les éléments (le feu, l'eau, le ciel et l'air, plus que la terre), le surgissement soudain d'une présence inconnue et les boucles de temporalité (la répétition du couteau etc.). Tout cela constitue un récit somptueux qui nous porte, à condition qu'on l'accepte. Les images fortes imprègnent longtemps nos cervelles par ailleurs aseptisées par des banalités sans intérêt. C'est un film-flux, plus compréhensible qu'un Lynch (la référence ne convient pas, car Lynch est plus brumeux, filandreux, décousu, mais encore plus explosif visuellement, chez Lynch on ne sait pas toujours qui sont les personnages, si ce sont les mêmes qu'on a déjà vus, si on est toujours dans la même histoire car les héroïnes ne se reconnaissent pas, etc., ce qui n'est absolument pas le cas ici où le scénario se détache en réalité assez nettement). Regardez-le comme on absorbe une substance psychotrope.