Lili d’Alengy (Leïla Bekhti) est une cocotte parisienne qui cache un secret : elle a une fille déficiente mentale, Tina, confiée aux soins de sa mère. Mais à la mort de celle-ci, Lili , encombrée de Tina, n’a d’autre solution, pour éviter que ce secret honteux ne s’évente, que de quitter Paris pour Rome, où un riche marquis lui a proposé de l’héberger en échange de ses charmes.
Dans la capitale italienne, Lili rencontre Maria Montessori (Jasmine Trinca) qui tient un établissement d’éducation pour les jeunes déficients. Comme Lili, Maria cache un secret : l’enfant qu’elle a eu avec le professeur Montesano, le directeur de l’institut qu’elle a refusé d’épouser par hostilité au mariage et à l’assujettissement de la femme qu’il signifie à l’époque.
Comme tout le monde, j’ai entendu parler de la méthode Montessori, une méthode d’éducation originale, qui insiste sur le développement de l’autonomie de l’enfant (J’ai d’ailleurs l’impression qu’on en parlait plus souvent il y a vingt ans qu’aujourd’hui). Mais j’ignorais ses origines. J’ignorais qu’elle avait été inventée par une femme au début du siècle dernier. J’ignorais également que Maria Montessori avait d’abord travaillé auprès d’enfants neuro-déficients – ainsi qu’on désigne aujourd’hui dans notre novlangue policée les « idiots » d’hier.
Se fondant sur des faits historiques – Maria Montessori a en effet conçu un enfant hors mariage avec le professeur Montesano et a dû le placer en nourrice dans la campagne romaine – la réalisatrice et scénariste Léa Todorov, qui signe ici son premier long métrage de fiction après plusieurs documentaires, a la curieuse idée de lui adjoindre une demi-mondaine parisienne. Sans qu’il soit besoin de dériver dans l’anti-wokisme et de pointer ses origines maghrébines, Leïla Bekhti n’est pas très crédible dans ce rôle. Pourquoi avoir inventé de toutes pièces cette Française, cette courtisane, et la mettre dans les pattes de la vaillante éducatrice italienne ? Fallait-il une autre mère, une autre femme, un autre enfant caché ? Et si oui, pourquoi diable ne pas aller les chercher dans la haute bourgeoisie romaine tout simplement ?
Sans doute Jasmine Trinca, l’une des valeurs les plus sûres du cinéma italien contemporain (elle a remporté deux fois en 2018 et 2020 le Donatello, l’équivalent de nos César, pour "Fortunata" et "Pour toujours" que je n’avais aimés ni l’un ni l’autre) fait-elle impeccablement le job. Mais son énergie ne suffit pas à instiller un peu de fièvre à un film en costumes bien mollasson, qui se traîne sans surprises, du début jusqu’à sa fin.