Ce qui est phénoménal avec Vicky Krieps, c'est qu'elle est crédible en toutes circonstances : serveuse britannique (Phantom Thread), reine d'Autriche (Corsage), agente de la douane américaine (The Wall). Dans le film de Philippe Van Leeuw, elle incarne un personnage plein de rage, clairement du côté des "bourreaux" plutôt que des victimes. C'est donc un changement de perspective pour le cinéaste belge qui, dans ses deux longs métrages précédents, s'était toujours placé auprès de ceux qui souffrent, que cela soit au Rwanda ou en Syrie. Mais s'intéresser aux méchants (à la méchante, en l'occurrence), c'est aussi l'opportunité d'approfondir des ressorts psychologiques pas aussi simples que cela à analyser. Le contexte de The Wall s'apparente à une guerre, entre les autorités américaines et le flux des migrants, sous l’œil des Amérindiens, premiers habitants d'un territoire pour qui la frontière entre les États-Unis et le Mexique "n'existe pas. Âpre et peu aimable, le film ne fait pas de cadeau à son "héroïne" mais détaille assez largement son sale boulot, qu'elle fait salement. Cela peut expliquer mais certainement pas absoudre cette femme, en compétition hormonale avec les hommes qui exercent à ses côtés.