Le monde est mal fait !... Voilà les Meyer d'un côté, des Manouches sédentarisés (vivant depuis de longues années dans un campement de caravanes en banlieue parisienne) à la fécondité devenue problématique (4 filles suivent, à intervalles rapprochés, un aîné - quand s'annonce une nouvelle grossesse, inopportune, pour "Meriem"). Et de l'autre, voilà "Julien" et "Anna", un couple d'avocats stérile. Quand le mari, pénaliste, doit défendre Franck Meyer, et lui obtient du sursis, nos deux bobos en mal d'enfant sont invités à prendre un verre dans le camp (hasards et coïncidences : Madame vient chercher Monsieur à la sortie du tribunal, puisque son permis est suspendu, et, charitables dans l'âme, ils ramènent le ferrailleur chez lui, lui évitant ainsi un long périple en RER). L'affaire est alors sur les rails : peu après Franck va proposer à Julien de lui "donner" l'enfant à naître. Donner ou presque - contre une compensation financière, devant lui permettre de sortir sa famille nombreuse d'une pressante nécessité. Il s'agit donc d'une proposition indécente, celle d'une supposition d'enfant. Qui va se traiter entre "mères", la vraie, la fausse (avec un étonnant amateurisme de la part de cette dernière, quant au modus operandi)... Une histoire où se disputent romanesque et "fait de société" (quand la stérilité tourne à l'obsession pour qui en est victime, et peut conduire à dérives), plutôt pas mal servie par une mise en scène sans tape-à-l'oeil (un premier "long" pour Léopold Legrand, avec qualités indéniables à cet égard) et des interprètes convaincants (les "Meyer" surtout). Bémol cependant : l'irénisme un peu trop démonstratif, par scénaristes débordant de bien-pensance...