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    Houria
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Houria" et de son tournage !

    Genèse

    Après PapichaMounia Meddour voulait continuer à explorer la société algérienne actuelle avec ses problématiques actuelles et ses richesses humaines et linguistiques. Venant du documentaire, elle aime puiser dans ses souvenirs et ses expériences pour les retranscrire en fiction au cinéma. À la suite d’un accident, elle a subi une double fracture de la cheville et a vécu une longue rééducation qui l’a immobilisée pendant quelque temps. Elle raconte à travers son film l’isolement, la solitude et le handicap, mais surtout la reconstruction et la renaissance. "C’est ainsi que j’ai imaginé le personnage de Houria, une héroïne grandiose par son endurance, à l’image de cette Algérie, blessée mais toujours debout."

    Les combats de béliers

    Dans Houria, on assiste à des combats de béliers, typiquement algériens. "On connaît les batailles de buffles au Vietnam, les combats de coqs venus d’Angleterre au 18ème siècle, moi j’avais envie de montrer cette spécificité algérienne, activité qui s’est répandue après l’indépendance", explique Mounia Meddour.

    Une société patriarcale

    Houria et sa mère, Sabrina, sont danseuses, vivent sans hommes et ne portent pas le voile. Mounia Meddour souligne qu'"En Algérie le poids des traditions et le patriarcat est trop présents et il est très difficile de s’émanciper quand on est une femme". Si la danse se pratique en lieux privés, elle est encore très peu visible en extérieurs car le corps des femmes est tabou. "Une femme qui danse, c’est une femme qui désire s’exprimer. C’est pas anodin dans une société patriarcale et traditionnelle, avec des mœurs et des mécanismes d’honneur. Il faut un changement des mentalités mais le chemin est encore long."

    Filmer la danse

    Mounia Meddour a pris le parti de filmer ses personnages au plus près des corps, de la peau, du mouvement. Avec son chef opérateur, elle s'est interrogé sur la manière de filmer la danse, quels choix opérer, quelles scènes de danse privilégier. Elle développe : "Quand on filme la danse il faut accepter de perdre quelque chose. Pour moi il fallait absolument éviter la captation et privilégier les corps, les mouvements, une expression, un regard. Souvent dans les films de danse, la chorégraphie est pensée pour la caméra ou rechorégraphiée pour une mise en scène cinématographique. La chorégraphie est donc la matière première, et non le scénario. Pour nous ça a été l’inverse. La caméra venait chercher des choses sur le vif, tel un documentaire, dans une chorégraphie très précise laissant ainsi une totale liberté aux comédiennes et aux danseuses."

    Les chorégraphies

    Les chorégraphies du film ont été mises au point par Hajiba Fahmy. Celle-ci a commencé par travailler sur la chorégraphie finale, car c'est celle qui était la plus complexe à créer. Pour cette danse, des passages du scénario ont d'abord été traduits en langue des signes puis Hajiba Fahmy a réinterprété chaque signe en mouvement. Un processus long et laborieux "mais très stimulant et créatif" selon Mounia Meddour. La chorégraphe a aussi préparé Lyna Khoudri physiquement pour la danse classique et Le Lac des Cygnes.

    Documentation

    Houria traite de mutisme, de choc post-traumatique et de rééducation physique. Pour Mounia Meddour, qui est issue du documentaire, il était indispensable de collecter un maximum d’informations pour construire une héroïne crédible et juste. L'équipe a commencé ses recherches par de nombreux entretiens avec des psychologues et des neurologues pour essayer de saisir ce qui se passe dans la tête de Houria et comprendre son mutisme à la suite du choc post-traumatique. Lyna Khoudri s'est appuyée sur le livre Le Langage blessé : Reparler après un accident cérébral de Philippe Van Eeckhout tout au long de sa préparation. Il y a eu ensuite un apprentissage de la langue des signes avec Antoine Valette, conseiller en langue des signes. Enfin, la réalisatrice a consulté de nombreux ouvrages et biographies sur Pina Baush, Marie-Claude Pietragalla et Martha Graham, visionné des ballets classiques, des spectacles contemporains mais aussi des clips comme ceux de Sia "avec ses chorégraphies bluffantes aux mimiques faciales incroyables".

    Le cinéma, un outil d'émancipation

    Papicha, le précédent et premier long-métrage de Mounia Meddour, n'est pas sorti en salles en Algérie, bien qu'il possède un visa d'exploitation et ait représenté l’Algérie aux Oscars en 2020. Pour la réalisatrice, cela représente bien le paradoxe de l’Algérie : "Il y a d’une part ceux qui aiment le film pour son authenticité et parce qu’il les renvoie à eux même et à la société dans laquelle ils ont vécu, et il y a ceux qui le détestent pour les mêmes raisons. Je pense que les premiers ont certainement pris du recul sur ces événements tragiques et les seconds refusent de voir cette réalité, encore trop dure, en face. Une image peut être très dure, très impactante. C’est dans ce sens que je trouve que le cinéma est primordial et nécessaire. Il peut être un outil thérapeutique merveilleux !"

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