J'aime ce film, tellement que j'étais allé le voir deux fois au cinéma lors de sa sortie (une fois pour le découvrir et une autre pour comprendre et savourer). Pourtant, la plupart des critiques ne sont pas vraiment enthousiastes. Il se trouve que The Jacket est systématiquement comparé à L'Effet Papillon, alors que ce rapprochement n'a aucune raison d'être. The Jacket est un film très confiné, qu'on pourrait fortement déconseiller aux claustrophobes, assez noir et dramatique. Un huis clos oppressant mettant en scène un personnage totalement perdu, en quête d'identité. The Jacket m'a toujours apporté un lot de frissons, d'horreur et de douceur. Le tout à la fois. Le scénario est assez difficile à suivre la première fois, notamment la fin du film qui est assez litigieuse et laisse le champ ouvert aux interprétations. Cependant, il ne souffre d'aucune grosse incohérence et s'enchaîne parfaitement bien. Le film alterne les scènes du "présent", où Jack n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé et cherche un moyen de fuir cet enfer avec les scènes de "projection dans le futur" où il tente d'en savoir plus sur sa situation. Le scénario de The Jacket est habile, et la façon avec laquelle il est présenté est géniale, on ne s'ennuie jamais à suivre cet homme qui cherche son identité et se demande ce qui peut bien lui arriver. Toute l'intrigue est liée au cerveau de Jack, à sa tête, qui va souffrir à la fois physiquement et mentalement de diverses façons tout au long du film. L'ambiance qui règne est assez spéciale, parfois sombre avec un sentiment de scandale lié à la façon dont le personnage est traité, et parfois douce et plus poétique lorsqu'il s'évade dans ses pensées. Personnellement, ce film m'avait mis une claque tant par le scénario que par les images. A chaque fois, je suis totalement impregné par l'atmosphère à la fois pesante et lente du film, les interrogations du spectateur (et du personnage) se résolvant petit à petit jusqu'au final inattendu mais logique. Le film met le point sur ce traitement machiavélique qui est quand même, il faut le souligner, une réalité dans la mesure où de telles choses se sont déjà produites. The Jacket appuie donc sur ces manières peu orthodoxes et surtout sur une vérité frappante, qui est que la parole d'un fou ne vaut strictement rien face à celle de ces institutions. Ca fait froid dans le dos. Le film est en quelque sorte une histoire de course contre la montre, qui pourtant n'est jamais haletante, ni rapide. Elle prend son temps et s'octroie même plusieurs scènes lentes et lyriques, grâce notamment à une musique de Brian Eno absolument sublime surtout à la fin du film. Un très beau dénouement qui laisse un peu de place à la réflexion. Adrien Brody est irréprochable, poignant et crédible. C'est un acteur dont on parle assez peu mais qui est pourtant l'un des meilleurs de ces dernières années à mon goût. Il joue la panique à la perfection tout en restant attachant (c'est-à-dire qu'il ne passe pas son temps à brailler comme il serait facile de le faire), émouvant et dramatique. Il faut dire qu'il a la tête pour ça, avec son visage de dépressif et sa mince silhouette. Keira Knightley n'est pas dans son meilleur rôle, il faut dire que ce n'est pas le personnage le plus passionnant qu'elle ait joué non plus. Encore une fois, avec Reviens-Moi et The Edge of Love, elle dit une réplique qu'elle a souvent à la bouche depuis, à savoir "Come Back to Me". Toujours dans le rôle de la jeune femme qui attend patiemment le retour de celui qu'elle aime, elle en fait parfois trop mais reste néanmoins géniale quand il le faut, notamment lors des scènes où Jack se retrouve devant une pompe à essence et où elle s'arrête près de lui en voiture, et dans son restaurant. Kris Kristofferson est assez quelconque voire mauvais, mais étant donné que son personnage, le Dr. Becker, est haïssable, ça influe peut-être mon jugement. De même, Jennifer Jason Leigh est correcte sans plus. C'est vraiment Adrien Brody qui fait tout le boulot avec une prestation mémorable, et on peut également citer Daniel Craig dans un rôle secondaire mais bienvenu. Je ne sais vraiment pas expliquer pourquoi j'accroche autant à ce film, mais il y a cette ambiance, renforcée par la quasi-absence de musiques et les fondus, qui est prenante et nous plonge dans un truc que je n'arrive pas à décrire mais que je trouve intense. Notamment les scènes où il se retrouve dans son tiroir avec des gros plans sur ses yeux (parfois en larmes) et sa main, des scènes assez oppressantes mais jouissives. Un film que je ne me lasserai jamais de voir. Un deuxième visionnage permet d'ailleurs de remarquer des détails intéressants qu'on loupe la première fois (on a même une image quasi-subliminale à un moment). A voir.