C’est marrant, mais je me trouve sévère avec ce film en ne lui mettant que deux étoiles. Parce que c’est vrai que, l’air de rien, il est quand propre ce « The Jacket ». Il y a une ambiance certaine, servie par une réalisation qui sait faire le travail (même si j’avoue que, au début, j’ai eu un peu de mal à comprendre ce recours très fréquent du fondu enchainé) et puis je trouve qu’Adrian Brody est vraiment impeccable. Clairement il porte le film sur ses épaules, et pour mon cas, ce ne fut pas du luxe au regard de ce que fournit en face Keira Knightley. Moi, cette actrice, je la trouve clairement surévaluée. Certes elle est jolie, mais en termes de dramaturgie, je n’y crois jamais, surtout sur des rôles comme celui qu’elle campe dans ce film. Mais bon, même si la belle Keira n’a clairement pas aidé à m’immerger pleinement dans ce film, ce n’est malgré tout pas elle la principale responsable de mon sentiment mitigé final. Non, si ce « The Jacket » ne m’a finalement pas convaincu c’est surtout parce que je l’ai vécu comme une plate resucée de « L’armée des douze singes ». Les plans dans l’asile de fou, le camarade un peu freaky, les scientifiques un peu barré, les sauts dans le futur et les retours dans le temps présent, l’intrigue amoureuse à cheval sur deux temporalités… Tout est repris. Tout. Du coup, pas de mystère, pas de surprise, pas de plaisir. Alors après, est-ce que ça veut dire que ce film aurait pu me plaire si je n’avais pas vu préalablement celui de Terry Gilliam ? Peut-être, mais en y réfléchissant bien, je me dis que ce n’est même pas sûr. Au fond, le film ne fait pas bloc. Le début en pleine guerre d’Irak est vite évacué et se révèle vite une amorce totalement déconnectée du reste de l’intrigue. Ce n’est qu’une amorce ; une amorce dont le but est de créer une fausse piste de manière au fond bien maladroite. Et c’est un peu l’histoire de ce film je trouve. Il commence sur une histoire de soldat et de son traumatisme, et puis il l’abandonne au profit d’une histoire de crime, d’amnésie et de folie… Et puis à son tour, ces points là sont abandonnés au profit de voyages dans le temps qui lui-même finit par s’évanouir au profit d’une banale histoire d’amour. En fait le film enchaine les péripéties comme une fusée à étages qui jette systématiquement ce qu’il vient à peine d’utiliser. Du coup, je trouve que pour donner de la densité à l’intrigue, ce n’est pas la bonne solution. Surtout qu’au final, « The Jacket » semble totalement s’en foutre de la cohérence de son ensemble (
Pourquoi le gars peut voyager dans le temps ? Pourquoi d’ailleurs est-il revenu à la vie en Irak ? Et puis d’où sort cette idée qu’il suffit d’un traitement par électrochoc pour sauver le petit gamin ? Au-delà de la logique bancale du raisonnement, le film s’emmêle les pinceaux dans ses paradoxes temporels. Lorensen découvre la solution parce que Sparks lui a dit ; Starks le sait parce que la Lorensen du futur lui a dit ; la Lorensen du futur le sait parce que Starks le lui a dit dans le passé. Au final cette boucle n’en finit pas, si bien que personne n’a eu vraiment eu l’idée à la base ; elle est juste un produit spontané de la loop temporel de l’intrigue.
) Bref, si la forme plastique tient la route, l’écriture pèche quand même beaucoup par son manque d’audace, d’originalité et – osons le dire – de propos. Parce que bon, tout ça pour conclure sur du
« Je suis mort mais j’ai sauvé ma belle »
ça ne vole quand même pas bien haut. Donc ouais, je suis peut-être sévère avec ce film en ne lui mettant que deux étoiles, mais bon, au bout d’un moment, j’ai quand même envie qu’on fasse des films parce qu’on estime avoir quelque-chose à apporter au schmilblick. Et si ce film est certes regardable pour qui n’a rien d’autre à faire, je pense aussi qu’il n’apportera pas grand-chose à qui prend du plaisir à la découverte du cinéma. Enfin bon, après ce n’est que mon opinion. Libre à vous de vous faire la vôtre !