Après un drame personnel, Harper décide de se mettre au vert, dans un beau cottage isolé. Ce qui est évidemment une très mauvaise idée quand on est la protagoniste d’un film d’horreur ! En effet, après avoir rencontré le propriétaire gentil mais lourdaud, Harper se balade en forêt, et fera des rencontres pour le moins dérangeantes… Après deux films de SF, Alex Garland louche du côté du folk horror, genre à la mode depuis quelques années. Comme plusieurs de ses concurrents (on pense à Ari Aster), « Men » est incroyablement soigné sur la forme. Des images léchées, de la nature magnifiquement filmée (ah, cette verdure éclatante !), un joli travail de montage sonore. Par ailleurs, Alex Garland fait preuve d’une gestion magistrale des scènes horrifiques, jouant sur ces éléments sensoriels. Des idées graphiques bien lugubres, des scènes de « stalking » flippantes à souhait, de l’imagerie et des conversations malaisantes. Le tout sans avoir recours à des effets paresseux (pas un seul jumpscare !). Et surtout, des comédiens en forme. Jessie Buckley est excellente héroïne écrasée par un drame… et par les nouvelles circonstances. Tandis que Rory Kinnear est la véritable surprise. Habitué aux seconds rôles discrets, il incarne ici avec brio de nombreuses variantes de l’aspect dérangeants de certains types d’hommes (on n’en dira pas plus…). Les diverses facettes du comédien, et les multiples références culturelles (antiques, bibliques, païennes…) serviront pour évoquer les rapports hommes/femmes depuis les temps immémoriaux, et la gêne que les hommes peuvent imposer aux femmes. Gêne (et gène ?) qui se transmet à travers les cultures. Un message qui, il faut l’admettre, est parfois à la limite de la misandrie… si ce n’est que c’est un homme au scénario et derrière la caméra. Message pas toujours subtil non plus, avec par exemple ce final en forme d’explosion graphique, embrassant le body horror, qui parait surfait. Néanmoins, « Men » est une œuvre sensorielle soignée, qui ravira les amateurs d’horreur.