Le film commence sur un ton un peu hargneux, un peu irritant, il nous impose ses personnages comme des évidences de réussite, de bling bling, de beauté. On n'a plus qu'à avaler, et on n'aime pas ça. Mais la carapace dorée s'étiole vite, et au fur et à mesure qu'on entre dans l'intrigue, chaque personnage se délite, semble se dissoudre dans l'acide de sa propre perversité. La coque flétrie, dissoute, fragilisée et prête à fondre comme la peau plongée trop longtemps dans l'eau bouillante d'un bain, chacun, chacune commence, au sein de ce monde confit dans le luxe, à exhaler les vapeurs plus ou moins nauséabondes de ses fragilités, de ses vices. L'alchimie est en route. Chaque acteur, actrice de ce film - tous - réussit à merveille cette transformation. Le film est un périple humain, groupé - choral, donc - d'une descente aux enfers noire, mais pas si noire.
Il dit simplement, au fond, que chacun cherche le bonheur, mais que les chemins qui semblent y conduire sont souvent des impasses ou des ravins.
On les déteste, ces pantins, de Niney à Adjani, mais on leur donne quand même un peu de crédit.
Loués soient ces acteurs - tous, encore une fois, des grands aux petits rôles - d'avoir suivi leurs labyrinthes respectifs, et bravo à Nicolas Bedos d'avoir mené au bout cette aventure erratique parfois, risquée certes, et qui n'aura pas tous les suffrages aujourd'hui. On la verra peut-être dans dix ans comme un film à voir absolument.