Le documentariste, révélé aux yeux du grand public en 2002 avec Etre et avoir, revient dans l’univers de la psychiatrie et des troubles mentaux après La moindre des choses sorti en 1996, un documentaire tourné à la clinique psychiatrique de La Borde. Cette fois, il a choisi l’Adamant, un lieu singulier, à l’architecture étonnante, un bâtiment sur lequel le réalisateur ne s’attarde, malheureusement, pas plus que ça, hormis quelques plans en début et en fin de film. On aurait aimé savoir, par exemple, en quoi l’architecture et l’organisation intérieure d’un tel lieu avait son importance dans l’organisation et la relation entre patients et soignants.
Non, ce qui intéresse véritablement Nicolas Philibert, c’est les personnages évoluant en son sein, qu’il évoque à travers une série de portraits variés et attachants… Dans ce tableau, cette galerie de personnages contrastée, on croisera un grand type édenté, fan des chansons de Téléphone, un artiste lunaire aux airs de Michel Houellebecq, une mère à qui l’on a retiré son enfant…
Des personnages décalés, parfois drôles, parfois émouvants, tourmentés, desquels se dégage une forme d’innocence et de complexité mêlées, mais aussi de poésie, et qui tentent de se reconstruire à travers la pratique de l’art (danse, peinture, photographie, musique…).
La voie qu’a donc choisie Nicolas Philibert pour ce documentaire à la mise en scène très classique, est de montrer des personnes, toutes évidemment sous tranquillisants, dans un cadre apaisant, dans une dynamique positive de reconstruction, de partage et d’écoute, loin du tableau de la psychiatrie castratrice ou déshumanisée telle qu’elle peut être montrée ou décrite par ailleurs.
On regrettera peut-être que le film n’aille pas plus au fond des choses, qu’il nous raconte plus précisément comment s’organise le travail au sein de cette structure flottante. Reste, au final, l’impression d’avoir vu un portrait partiel de cet univers. Un documentaire auquel il manque un peu d’aspérités, d’accrocs, de contrastes. Un film qui reste en surface, malgré la belle expérience qui constituera ce voyage immobile sur l’Adamant en compagnie de gens presque comme nous.
https://www.benzinemag.net/2023/04/19/sur-ladamant-voyage-immobile-en-compagnie-de-patients-dun-centre-psychiatrique/