Ma vie Ma gueule : les secrets du tournage

Sophie Fillières est décédée le 31 juillet 2023, à 58 ans, peu de temps après le tournage de Ma vie ma gueule. La cinéaste a alors demandé à ses enfants, Agathe et Adam Bonitzer, de diriger la finalisation du film avec ses collaborateurs les plus proches : "Lorsque nous avons appris, en même temps qu’elle, que notre mère ne pourrait terminer son film dont elle venait d’achever le tournage, elle nous a demandés à nous ses enfants - en accord avec sa productrice Julie Salvador - d’en superviser la post-production, en premier lieu le montage aux côtés de François Quiqueré qui s’apprêtait à travailler avec elle pour la première fois."

"Nous avons donc respecté sa volonté, prenant le chemin de la salle de montage près d’un mois après sa disparition et nous nous sommes retrouvés tous les trois devant les rushes d’un film que nous n’avions pas tourné, avec tout de même nombre de notes et précieuses indications recueillies à l’hôpital. Car nous avons pu parler avec elle du film, de ses intentions, et même visionner ensemble quelques rushes. Le choix de François Quiqueré a sans aucun doute été salutaire pour nous dans cette aventure : son acuité, sa persévérance, sa tendresse, sa profonde amitié nous ont portés pendant ces quinze semaines de montage."

"Le dialogue avec les autres collaborateurs fut de même essentiel à chaque étape, que ce soit au montage son (Sébastien Noiré), à l’étalonnage (Emmanuelle Collinot) ou au mixage (Jean-Pierre Laforce). Enfin, il est certain que nous n’aurions pu aller au bout sans la présence constante de Julie Salvador, son enthousiasme sans faille, son immense générosité", se rappellent Agathe et Adam Bonitzer.

Ce film a été présenté en ouverture à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2024.

Lorsqu'elle a été sollicitée pour jouer Barberie Bichette, dite "Barbie", dans Ma vie ma gueule, Agnès Jaoui ne connaissait pas le travail de Sophie Fillières : "Mais à partir de cette lecture, notre amitié était scellée, et nous allions cheminer d’affinités en affinités jusqu’à la fin, avec son équipe, sa merveilleuse équipe, sa productrice et amie, ses enfants, tous et toutes déterminés à aller jusqu’au bout."

"C’est une drôle d’aventure qui nous est arrivée là. Je me souviens du sourire de joie retenue de mon agent Jean-François Gabard, quand il m’a donné le scénario à Nantes où je tournais : « Je ne te dis rien, mais j’aime beaucoup beaucoup ». Et puis j’ai vu le titre : Ma vie ma gueule, et c’est là que je suis tombée amoureuse. J’ai pensé, si j’aime le film comme le titre, ça va être quelque chose."

"Je crois que je l’ai lu le soir même et que j’ai écrit à Sophie le lendemain pour lui dire mon enthousiasme. C’était la première fois que j’avais envie de faire lire un scénario à mes amis, comme on a envie de partager un livre qu’on adore. Parce que le scénario ne ressemblait à aucun autre, toute la poésie, la singularité, l’humour et la détresse de Sophie étaient là, et le script tenait plus de la littérature."

"La moindre didascalie recelait de la grâce, la moindre apparition du moindre personnage de l’intrigue avait son importance et sa profondeur", se rappelle la comédienne.