Atta-chiant
Ces 100 minutes constituent le 7ème et dernier long métrage de la réalisatrice Sophie Fillières. En effet, la réalisatrice a disparu en juillet 2023 à l’âge de 58 ans des suites d’une longue maladie, - selon la formule consacrée -. Barberie Bichette, qu'on appelle à son grand dam Barbie, a peut-être été belle, peut-être été aimée, peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amoureuse, oui peut-être… Aujourd'hui, c'est noir, c'est violent, c'est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (autant dire 60 et bientôt plus !). C'était fatal mais comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme… Avec son scénario étrange et son rythme languissant, cette comédie dramatique vaut essentiellement par la composition offerte par une immense Agnès Jaoui. A voir pour elle et la mémoire de la cinéaste.
La santé mentale, les liens familiaux, la quête d'un espace personnel… tous ces thèmes sont au centre de ce film sensible où se mêlent, parfois de manière incongrue, l’humour et l’émotion jusqu’à la détresse. Je dois avouer avoir eu du mal à entrer dans cet univers particulier et de suivre – je ne parle même pas de comprendre -, les méandres de la pensée de l’héroïne. Cet avis n’engage que moi, mais, vous le savez, j’apprécie beaucoup le cinéma au féminin et en particulier les portraits de femmes, hélas, ici, je n’ai pas adhéré à ce personnage fragile, inconstant et aux réactions des personnes rencontrées tout au long d’une sorte d’errance à travers un Paris, - magnifiquement photographié, tout comme l’Ecosse à la toute fin -. Sensible – ô combien -, déjanté parfois, poétique, onirique, il est difficile de juger sereinement d’une œuvre posthume qui, n’en doutons pas, présente des aspects autobiographiques douloureux. J’aurais tant voulu aimer ce drame.
Le film vaut surtout par la prestation d’Agnès Jaoui. Elle est de tous les plans, mais m’a paru être terriblement en roue libre. Elle « fait du Jaoui », mais il manque l’écriture inspirée d’un Bacri qui nous manque beaucoup. Autour d’elle, s’agitent, parfois en vain, Philippe Katerine, Valérie Donzelli, Laurent Capelluto et les deux jeunes Angelina Woret et Édouard Sulpice qui valent d’être revus. Un fil déprimant pour nous parler de la dépression. RIP Sophie Fillières !