A l'instar d'un Alain Guiraudie, autre électron très libre du cinéma français, Sébastien Betbeder trace son chemin en dehors des autoroutes, sur des routes secondaires sans souci de terminer dans un cul de sac. Et il filme les Hauts-de-France comme le Groenland, dans l'un de ses précédents films, avec des personnages peu reluisants de perdants pas même flamboyants mais quand même doués d'empathie et à la recherche d'une famille, fut-elle d'occasion. Clin d’œil amusant, le film se déroule en partie à Amiens où un journaliste du Courrier Picard traverse la rue pour rencontrer des spécimens encore plus paumés et plus hors sol que lui. C'est parti pour une virée en terre incongrue, parfois à la limite du fantastique, et qui convoque la fantaisie, l'absurde et le loufoque, avec assez de réussite, souvent, et un peu de déchet, forcément, quand le long-métrage mise trop sur l'apparition de Jackie Berroyer, rendez-vous raté en l'occurrence, tout comme d'ailleurs le dénouement du récit, vraiment trop sage. Ce qui fonctionne, en revanche, c'est l'interprétation du quatuor vedette, bien emmené par un Thomas Scimeca parfait, aux côtés de Nicolas Belvalette et Jonathan Capdevielle, avec une mention particulière pour Léonie Dahan-Lamort, seule touche féminine au milieu de ces mâles désenchantés.