Pour son premier passage derrière la caméra, le discret mais pourtant talentueux Bill Paxton signe contre toute attente un thriller psychologique impressionnant. L'acteur coltiné aux seconds rôles plus ou moins marquants, ex-chouchou de James Cameron, met ainsi en scène le premier script de Brent Hanley, sombre inconnu qui s'intéresse à ces tueurs en série agissant selon leurs dires comme la main de Dieu. Le monde les voit comme des justiciers de l'ombre jugés amoraux, des psychopathes dégénérés. Mais imaginons le pire : et s'ils étaient réellement des destructeurs de démons ? Un homme se rend au QG du FBI et avoue que son propre frère est le tueur que tout le monde recherche, celui qui se fait appeler "La Main de Dieu". Incrédule, l'inspecteur qui l'écoute entend sa confession : en 1979, dans le Texas, un père de famille tout ce qu'il y a de plus normal élève seul ses deux fils. Pourtant, un soir, il devient comme fou, dit que Dieu lui a parlé et qu'il doit éliminer les démons qui pullulent en ce bas monde. Le plus jeune de ses fils y croit dur comme fer tandis que l'aîné réalise peu à peu que son géniteur a tout simplement perdu la tête... Raconté sous forme de flashbacks, Emprise est un tour de force glaçant et intelligent, une œuvre discrète qui a su pourtant proposer quelque chose de puissant, d'inoubliable. La mise en scène de Paxton, sobre mais soignée, délivre une atmosphère pesante, glauque, effrayante, appuyée par une musique envoutante et une photographie adéquate. On est immergé dans cette histoire terrible qui s'étoffe de plus en plus jusqu'à un twist-ending habilement dévoilé qui remet en question toute la première heure. L'interprétation est également éblouissante, de Paxton lui-même, parfait en père déglingo, aux jeunes Matt O'Leary et Jeremy Sumpter en passant par les très convaincants Matthew McConaughey et Powers Boothe. Bref, Emprise est une perle du cinéma horrifique indépendant qui mérite bien plus de louanges qu'il n'en a reçu.