En toute sincérité, Rares sont les films qui ont pu me sembler aussi étouffants et morbides que celui-ci. Sans grande prétention , Emprise recèle dans son honnête sans faille une force aussi repoussante qu'attirante. Fascinant de bout en bout, le brulot de Bill Paxton malmène avec un vice totalement assumé le spectateur, pantois, à travers une délicieuse et atroce histoire de folie meurtrière. Se dégage de la trame narrative et de l’enchevêtrement des péripéties une force à la fois simple et percutante, sans fioritures ni longueurs, mais diablement efficace. Original et sans concessions, le scénario d'Emprise laisse pantois devant tant d'audace et d'immoralité, transformant une famille monoparentale saine et tranquille en un lieu de violence divine et de folie biblique. Après avoir été touché par la main de dieu et choisit comme son représentant sur terre, l'illuminé patère tente avec sincérité de convaincre ses enfants de leurs mission divine. Afin de chasser les démons, le père (le film omet ingénieusement de dévoiler son nom) va alors débuter une série d’enlèvements et de meurtres. Ses atrocités, fruits de son délire, va alors créer des liens conflictuels entre un père et un fils psychologiquement possédés par leur "actes divins" et le second fils, révolté, choqué et n'acceptant pas la démence divine dans laquelle semble être tombé son père. Ses quelques mots suffisent à nous glacer le sang, mais c'est le film dans sa globalité qui vous permettront de les savourer dans des conditions d'effroi et d’intérêt optimales. Autant dire que ce scénario en laissera plus d'un béat, et ses nombreux retournements de situations ainsi que son coup de théâtre final alimenteront un film réussi et terriblement troublant. Je ne m'attarde pas sur la mise en scène, brillante et maitrisée, que ce soit par le biais de plans serrés et de caméras positionnées avec inspirations, ou alors d'un montage final très professionnel. Les acteurs sont très convaincants, bien que méconnus pour la plupart d'entre eux. Bill Paxton est parfait dans son rôle de père humble transformé en une machine à tuer hypnotisée par ses hallucinations et délires divins, prêt à tout pour remplir sa tâche exceptionnelle. Matthew McConaughey s'en sort plutôt bien malgré sa tête d'ange pommée un peu agaçante. Je m'incline d'avantage quant à la performance de Matt O'Leary, le fils ainé, n'acceptant pas cette nouvelle réalité et luttant tant bien que mal face aux ravages des actes divins de sa famille. Jeremy Sumpter, l'autre petit, est très crédible lui aussi, bien que moins poignant et juste que son frère ainé. Bref, pas besoin de broder d'avantage, le casting est d'enfer et témoigne une fois de plus d'un film que j'ai vraiment apprécié, qui a su m'étonner plus d'une fois et qui mérite d'être vu par delà son apparence de gentil nanar. Un dernier mot sur les propos et le message très controversé et discutable que véhicule ce film: il semble légitimer (normaliser même) la violence et le meurtre. Tuer au nom de dieu ou de quelconques illuminations et visions suffisent alors à rentre ethique l'acte meurtrier. Une morale pas tellement morale donc, qui divisera bien des spectateur mais qui, il faut le reconnaitre, à vraiment des couilles et du cran. Bill Paxton prend de gros risques, mais les assument jusqu'au bout, jouant avec les sentiments du public, semant le trouble quant à son avis sur cette histoire et son message radical. Encore un aspect qui ne pourra que vous inciter à visiter le cauchemar de Paxton et, qui sait, tomber sous son Emprise.