Evidemment sorti à temps pour le nouvel an 2021, la comédie horrifique polonaise de Jan Belcl pourrait faire pâlir les plus jeunes, pour ne pas avoir pu pleinement profiter d’une telle euphorie en groupe. Mais c’est au détour de cette soirée mortelle qu’on se surprend à rester attentif jusqu’à ce que la destinée s’accomplisse. Ne cherchons rien de particulièrement angoissant ou de profondément étudié dans cette partition chaotique, où chaque invité y met de son grain pour que violence se fasse. Doublons cette fantaisie avec de la drogue et du sexe en excès, nous voilà enfin proche de cette ambiance qui torture une jeunesse damnée et naïve. Rares sont ces instants qui convoquent la subtilité, mais peut-être est-ce là que tout se joue, dans un flot d’absurdité et dans une fièvre abondamment jouissive.
Cependant, le public saura rapidement où est sa place, car le film emprunte énormément à des œuvres à succès qui l’ont précédé. Malgré tout, le mariage des références et des genres nous renvoie à notre stand d’observation, à la même place que ces détectives en ouverture. C’est d’ailleurs un choix qui se justifiera à la toute fin, dès lors que la narration nous soumet à un long flash-back, où l’on plante le décor et les clichés. Une maison isolée et des jeunes tourmentées par leurs ambitions, leurs amours ou simplement leurs désirs. Il n’en faut pas plus. Ce ne sera pas non plus au niveau scénaristique que la clé de voûte viendra, car l’aspect burlesque de la chose sera davantage situationnel. Les interactions ne manquent donc pas et notre plaisir sera d’autant plus naturel, si l’on se convainc de cette machination des plus torride et des plus sarcastique. On nous livre grossièrement des discours sensiblement préventifs face à l’ecstasy, la dépression et la folie. Mais à force d’en rire, le film se tord un peu dans tous les sens et le spectateur aura toujours un coup d’avance sur les protagonistes.
Les pitreries défilent ainsi les unes après les autres, en partant d’une névrosée qui convoque tous les signaux astraux à un couple trop suffisant sur le plan sexuel, en passant par un livreur qui a sans doute trop attendu qu’on lui ramène ce dont il a besoin afin de gagner son indépendance. Bien entendu, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, qui ne croisera pas cette fois-ci un paquebot qui se déchire entre les classes sociales, mais sur une arche de Noé clandestine, qui surfe sur un torrent d’alcool. Il serait donc vain de vouloir rattacher ce projet à quelque chose de plus vertueux. Le portrait de la condition humaine transpire à tout instant, car les personnages ne font que trébucher et finissent par avancer par le plus grand des hasards. Personne n’est épargné ni oublié dans le lot, mais se souviendra-t-on réellement de cette œuvre pour son fond ? La question n’est pas non plus posée en sous-texte et l’escalade de violence ou de vengeance démontre ainsi la culpabilité d’une adolescence, qui a fini par standardiser les vices et la moralité de ce genre de fête où l’abus est de rigueur.
Rien ne nous est donc réellement caché, à l’image du titre qui n’est là que pour teinter l’affiche de sa bouffonnerie. « Tous mes amis sont morts » s’amuse donc à manipuler ses personnages et à détourner, voire piétiner leur croyance, autant que leur sensibilité. Par conséquent, le spectacle décomplexé caresse un dénouement symboliquement orgasmique. C’est le point culminant que tout le monde recherchait finalement, une sorte d’harmonie, où tout le monde se repenti. Et la page se tourne vers un épisode alternatif, qui ne laisse plus de doute à cette détresse et ces maux qui auront déniché le bon remède, au caractère éphémère de la vie, un poil trop tard.