Gritt, l'héroïne du film éponyme de la norvégienne Itonje Soimer Guttormsen, est une artiste qui a de grandes idées, quoique floues, pour mettre en scène la caducité de notre monde. A bas donc le capitalisme et le patriarcat et célébrons Lilith plutôt que Eve. L'on a un peu de mal à savoir si la réalisatrice se moque de la maladresse idéaliste de son personnage, qui n'en finit pas de se heurter à des portes fermées, ou si, au contraire, elle milite pour un art conceptuel, destiné à faire bouger les lignes les plus conservatrices. Sans doute est-ce la première hypothèse mais Grit ressemble essentiellement à un collage de scènes plus ou moins convaincantes, toutes centrées sur la susnommée, qui n'en finit pas de se leurrer, y compris vis-à-vis d'elle-même. Boursouflé de références, les plus récurrentes étant celles dévolues à Antonin Artaud, le film a tout de l'objet intellectuel, censé user d'auto-dérision mais dont on retient surtout la suffisance et l'absence de générosité vers le public. L'actrice principale, Birgitte Larsen, constamment à l'écran, est bluffante mais elle ne peut à elle seule empêcher le film de côtoyer les rivages de l'ennui, notamment avec ses bavardages ininterrompus, nonobstant un dernier quart d'heure zen, apaisant et enfin débarrassé de toute prétention.