En 16 ans ce film n’a pas pris une ride. Lilia, une veuve rangée, vit seule avec sa fille Salma, étudiante. Un peu par hasard, Lilia pénètre dans un cabaret de danse orientale et y découvre un monde qui la captive. De fil en aiguille, en commençant d’abord par faire des retouches aux costumes des danseuses, elle accepte de danser en public et devient la coqueluche du cabaret .
Des péripéties amoureuses finissent de la révéler à elle-même et l’obligent, in fine, à reprendre le contrôle de sa vie, et elle réussit à rassembler dans un ensemble cohérent le monde de la nuit, fait de musique et de volupté et celui du jour, fait de codes sociaux et de bienséance.
Hiam Abbass (Lilia) est superbe, avec son regard transperçant, ses sourires gourmands, son allure et, surtout, la volupté de ses mouvements dès qu’elle entend de la musique. Raja Amari filme superbement la danse ; sa caméra suit le mouvement des danseurs, y entraînant les spectateurs.
La tension du film fonctionne parfaitement, bâtie d’abord sur la tentation que subit Lilia de danser en public et de faillir ainsi à la bienséance de son milieu, puis sur un conflit amoureux. La seule gêne, assumée, du spectateur : le film décrit la libération d’une femme ; pour autant, cette libération est au moins complice d’une commercialisation du corps féminin…