Tout comme en 2018 avec "Halloween", David Gordon Green a voulu fêter l'anniversaire d'une autre franchise horrifique en s'attaquant cette fois à "L'Exorciste", sorti il y a cinquante ans tout pile. Et en-soi pourquoi pas ; même si le réalisateur a franchement déconné avec ses deux suites, "Halloween" 2018 était un bel hommage en plus d'être une suite assez sympathique. On pourrait donc se dire que l'on va assister ici au même genre de spectacle, c'est-à-dire un film qui modernise l'original tout en le respectant. Eh bien... pas du tout ! Et pourtant, je dois dire que c'est un film que j'attendais car je suis un fan inconditionnel de "L'Exorciste" et j'avais hâte de découvrir le film se prétendant comme la suite directe du premier (et en même temps, pas très original non plus puisque la série télé était déjà passé par là avant). Eh bah oui, théoriquement, nous sommes dans le sixième épisode de la franchise (oui, tout le monde a oublié "Dominion" mais ce film existe) mais nous sommes une nouvelle fois dans un requel ou un legacyquel (comme "Halloween" donc mais également "Massacre à a tronçonneuse" 2022, "Candyman" 2021, "SOS Fantômes : L'Héritage", "The Craft" etc.), c'est-à-dire que le film se positionne comme la suite directe du premier en balayant toutes les précédentes. Et, au risque de heurter les puristes de la franchise, mis-à-part "L'Exorciste, la suite" (le troisième opus donc), les suites sont particulièrement mauvaises mais toutes avaient tout de même un certain cachet, une ambiance propre qu'on ne pourra jamais leur enlever. Donc ce n'était relativement pas bien grave de balayer les autres à condition d'être enfin à la hauteur du premier. Et on en est bien loin et la comparaison est inévitable et surtout très rude ! Ici, nous avons donc deux petites filles possédées (pourquoi ? On ne le saura jamais) et évidemment, les deux familles respectives font appel à Chris MacNeil qui a depuis écrit un bouquin sur le sujet. Et toute la com du film est d'ailleurs basée sur ce fameux retour, sorte de Jamie Lee Curtis de l'exorcisme mais,
première déception, elle n'apparait que cinq minutes à tout casser avant de se faire crever les yeux puis d'être alité le reste du film (comme Curtis dans "Halloween Kills" d'ailleurs, à croire que le réalisateur aime bien foutre en l'air le potentiel d'excellentes actrices qu'il a sous la main)
. Bon, à la limite, s'il n'y avait que ça, ça n'aurait pas été très grave. Mais le film prend tellement l'eau de tous les côtés que je ne sais vraiment par quoi commencer. Déjà l'histoire en elle-même qui est plus que bancale. Dès la scène d'intro, on nous joue le trauma cliché du personnage principal et on connait "L'Exorciste", on sait très bien à quoi ça va servir plus tard ; c'est donc une scène d'introduction déjà assez grossière. Et puis ensuite, on nous présente ces deux petites filles qui décident d'aller dans la forêt puis qui disparaissent pendant trois jours et qui reviennent en ayant une attitude un peu bizarre. Les parents en arrivent donc à la conclusion qu'elles sont possédées parce-qu'encore une fois, pourquoi pas. Je veux dire, cette conclusion arrive beaucoup trop rapidement, tellement que ça en est au mieux risible, au pire complètement bâclé. Dans le film original, on avait une heure vingt (!) avant que la mère n'arrive à cette conclusion, qu'elle arrive à accepter une chose pareille, après avoir été humilier devant toute une rangée de médecins et de scientifiques (dans une scène magistrale d'ailleurs). Puis tous les personnages secondaires étaient très développés, à commencer par le père Karras qui est ici "remplacé" par une infirmière au passif bidon. De plus, toute la première heure et demie du premier film permettait d'installer une ambiance devenant de plus en plus lourde, de plus en plus oppressante pour en devenir complètement suffocante dans sa seconde partie. Ici, le film ne s'appuie que sur des jump-scares. Je veux dire, on prend n'importe quel film d'exorcisme des années 2000 lorsque le genre était revenu à la mode et on retrouve les mêmes éléments, les mêmes clichés. Tout est racoleur et en particulier l'exorcisme en lui-même qui est censé être le point fort du film mais qui en est complètement risible au point qu'on se croirait parfois dans un nanar ou une parodie telle que "Y a-t-il un exorciste pour sauver le monde ?" (oui, cette purge avec Leslie Nielsen et Linda Blair alors en plein sur la pente descendante à cause de son histoire de coke - dont elle ne se remettra jamais d'ailleurs - existe). Sans parler des clin d’œils grossiers au premier comme l'une des deux petites filles qui porte la même chemise de nuit que Regan dans le premier. Enfin, pour résumer rapidement, "L'Exorciste - Dévotion" rate absolument tout ce qu'il essaye d'entreprendre, les seuls points positifs étant
le retour de Linda Blair dans un cameo de cinq secondes
et puis le thème principal, particulièrement bien repris.