Un grand film que je recommande !
Sobre dans sa réalisation, il permet de se concentrer sur l'essentiel : la parole de ces femmes. Au fil du film, on découvre avec pudeur la gravité des violences sexuelles et des violences masculines systémiques qu'elles subissent au sein de leur colonie religieuse dès le plus jeune âge notamment en étant privées du droit à l'instruction puis réduites au service des hommes...
Ce film riche en réflexions et profond nous permet de découvrir comment elles s'organisent durant 2 jours, en l'absence des hommes de la colonie, pour décider du destin de l'ensemble des femmes et enfants : ne rien faire, rester et se battre ou partir ? Ces trois options vont être le terreau de débats quasi philosophiques d'une grande richesse et intensité. Comment vont-elles investir cet espace de liberté pour penser leurs conditions et leur avenir ? On observera tour à tour la peur de l'inconnu, le besoin de concilier ses convictions et besoins à sa foi, leurs contradictions, leurs évolution et l'attachement voir l'emprise qu'elles subissent etc. Les 3 options qui s'offrent à elle permettre de mettre le focus sur la place que l'on donne aux hommes ou qu'on peut leur retirer, le désir plus ou moins développé de découvrir le monde et prendre son indépendance, la croyance ou non dans la capacité des hommes de changer, des femmes à se faire respecter et se protéger etc.
On découvre qu'elle ont beaucoup à dire ces femmes de différentes générations, chacune enrichit les échanges de son analyse, de son vécu. On observe leur colère, leurs contradictions, leur résignation, la qualité de leur écoute, le respect et la bienveillance qu'elles ont les une envers les autres, leurs doutes, leurs maux, leurs forces, leur dignité, leur empouvoirement qui se déploie au fur et à mesure du film !
Les hommes sont partis sauf deux d'entre eux : l'instituteur qui a été missionné pour faire le procès-verbal de leur réunion car elles ne savent ni lire ni écrire et le jeune homme trans, lui aussi victime par le passé, qui est resté avec les femmes et s'occupe des plus jeunes enfants durant leurs réunions. Le rôle de l'instituteur est primordial et une grande leçon à retenir : il écoute, se met en retrait et reste à sa place (où on le lui rappelle), soit celle d'uniquement prendre des notes et non pas de donner son avis ou influencer. Il représente la figure de l'homme qui croit les femmes, les écoute, qui ne cherche pas à dominer et souhaite être un allié en se mettant en retrait à leur service. Et bravo à l'équipe du casting d'avoir été attentive à confier le rôle d'un homme trans à une personne trans non-binaire !
Pour conclure, le cœur du film est dans les dialogues d'une grande qualité portés par un superbe casting mixé avec le regard bienveillant, juste et jamais dans le pathos misérabiliste de la réalisatrice. J'ai été happée par l'histoire du début à la fin et touchée par cette adaptation d'une grande justesse dans le traitement des violences et du sexisme et la façon de mettre en images ce terrible drame inspiré d'une histoire vraie.