Un biopic comme le laisserait penser le titre ? Pas vraiment, tant le film se concentre sur la relation que Madame de Sévigné a entretenu avec sa fille Françoise, comtesse de Grignan ; et ce faisant dévoile surtout une part ombrageuse de cette brillante écrivaine. En la poussant vers un devenir dont elle aurait rêvé pour elle-même, elle construit une relation toxique, une emprise. Le film porte son nom, n’eût-il pas été intéressant de montrer en contrepoint - comment elle avait elle-même conquis indépendance et liberté dans un siècle qui n’en accordait guère ?
On peut saluer l’intention : s’appuyer sur cette relation pour mettre en valeur ces magnifiques lettres qui à elles-seules ont fait d’elle une grande écrivaine. Mais la mise en scène, classique, excessive sans doute avec ses décors et habits d’époque trop présents, échoue à nous les faire apprécier pleinement.
Le film s’intéresse d’ailleurs presque autant à comtesse de Grignan, dressant le portrait d’une personnalité complexe. Indépendante et libre, mais trop jeune au début pour s’affirmer complètement, que voulait-elle en définitive ? Avec les années, elle va s’exprimer progressivement avec des mots forts, dans des dialogues de style contemporain. Oui elle souhaite une vie de province, soumise à un comte qui semble l’avoir plutôt respectée, plutôt que la vie parisienne, ses codes et ses excès, et l’histoire nous dit qu’elle persévérera. Accessoirement, le tableau des difficultés financières de son mari le comte de Grignan, devenu bras droit du roi en Provence, est loin d’être inintéressant.
Il y a donc une grande modernité dans les lettres de Mme de Sévigné, que le scénario et les dialogues appuyent. C’est sans doute l’aspect le plus réussi du film. Non ce n’est pas un mauvais film, il est d’ailleurs plutôt agréable à regarder, bien joué, bien rythmé. Mais décevant par rapport aux attendus rapportés dans le dossier de presse.