Sans mordant
Ainsi donc la québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette, dont je connais mal la filmographie à part son Inch’Allah de 2011 aura dû attendre plus de deux ans pour que ces 96 minutes arrivent enfin sur nos écrans français. 1968 - Etats-Unis. Martin Luther King est assassiné et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. Romain Gary et sa femme l’actrice Jean Seberg, qui vivent à Los Angeles, recueillent un chien égaré, dressé exclusivement pour attaquer les Noirs : un chien blanc. L'écrivain, amoureux des animaux, refuse de le faire euthanasier, au risque de mettre en péril sa relation avec Jean, militante pour les droits civiques et très active au sein des Black Panthers. Un drame pesant, mais hélas, extrêmement démonstratif et qui pourtant ne convainc pas. Hélas, Samuel Fuller était déjà passé par là en 1982 avec son White Dog. Incontestablement, cette nouvelle version manque par trop de souffle pour passionner le spectateur.
C'est en retrouvant Diego Gary, le fils de Romain Gary, et en échangeant longtemps avec lui que la cinéaste a découvert que sa grand-mère et Jean Seberg, s'étaient côtoyées dans leur lutte pour les droits des afros-américains. Il y avait très peu de personnes blanches dans ce combat et encore moins de femmes. C'est suite à ce lien probable que Diego a donné carte blanche pour l'adaptation du roman de son père. A quel point un conflit, une guerre, une douleur qui ne nous appartient pas peut-elle devenir la nôtre ? Voilà la question de fond à laquelle ce film tente d’apporter une réponse. Malgré quelques beaux moments de tension, le film ennuie pas mal et peint à implanter ses personnages dans une réalité et l’émotion ne vient jamais. Une fois de plus, qui trop embrasse mal étreint. A vouloir traité tous les sujets en même temps, le scénario passe à côté d’a peu près tout l’essentiel. Une déception.
Alors, on se dit qu’on va se rattraper avec le casting. Hélas, il est victime des mêmes faiblesses. Denis Ménochet est un immense acteur mais là, il peine à incarner vraiment le grand écrivain, prisonnier qu’il est de la vision trop didactique du scénario. Kacey Rohl n’arrive pas non plus à entrer dans la peau de la magnifique Jean Seberg. K.C.Collins, lui, est parfait en dresseur obstiné. Comme pour en rajouter une couche, la mise en scène veut faire – artificiellement -, dans le beau, l’esthétique et nous épargne aucune affèterie chichiteuse, l’ennui gagne rapidement. Et c’est bien dommage en regard de l’importance du sujet traité – maltraité devrais-je dire -, dans ce drame dévitalisé qui sonne creux.