Maïwenn est une réalisatrice qui ne laisse pas indifférent. Son dernier opus, Jeanne du Barry, me laisse une impression mitigée. Très beaux décors, bonne réalisation, belle musique de Stephen Warbeck, un scénario pas trop éloigné de l'histoire réelle avec une héroïne traitée sans complaisance, un peu comme le fut Jeanne Bécu elle-même dans ce monde de brutes qu'était la cour de Louis le quinzième, sinistre personnage entouré de courtisans et de serviteurs pires encore peut-être que lui-même.
Alors qu'est-ce qui m'empêche de mettre 5 étoiles ?
Essentiellement le casting. Pas tellement Maïwenn elle-même, dont la prestation est très honnête et sincère, même si elle a 20 ans de trop pour le personnage, mais ce n'est pas le plus grave. Pas non plus pour Pierre Richard, excellent en horrible vieillard libidineux qui ne se gêne pas pour violer la belle avant que de la « vendre » au roi, ni pour Melwynn Poupot, parfait en maquereau brutal et sans scrupules, ni pour Bernard Lavernhe, remarquable en Laborde le fid-le serviteur du roi, le seul personnage du film avec son maître qui soit traité avec sympathie par la réalisatrice.
Ce qui m'a gêné, c'est d'abord Jonnhy Depp et son accent étranger, un comble pour le roi de France, ainsi que son effacement, surprenant pour un roi, même si sa mort est correctement filmée quoiqu'un peu longuement. C'est aussi le dauphin, le futur Louis XVI, grand jeune homme très maigre, alors qu'on sait que le roi guillotiné était mou et gros. Pourquoi donc Maïwenn a-t-elle tenu à donner le rôle à son fils ? C'est encore les filles du roi, caricaturales et interprétées à la limite du ridicule, de même que la future Marie-Antoinette. Toutes ces négligences ne m'ont pas permis d'entrer dans le film comme j'aurais aimé le faire.
Je mets tout de même 4 étoiles pour la mise en scène et l'esthétique du film, pour son mérite de mettre en lumière la vie d'une des plus critiquées parmi les grandes prostituées de l'histoire de France, qui fut une femme courageuse et à mon avis très injustement guillotinée, pour la musique et pour Maïwenn elle-même car elle a, me semble-t-il, pris des risques personnels tenir pour ce rôle.