Comédie noire, réalisée par Danny DeVito, Crève, Smoochy, Crève est un excellent film. L'histoire nous fait suivre Rainbow Randolph, l'animateur vedette d'une émission pour enfants qui, suite à une sombre affaire, se retrouve viré du jour au lendemain. C'est alors que la chaîne de télé lui cherche un remplaçant et le trouve en la personne de Smoochy, un gentil rhinocéros violet interprété par Sheldon Mopes. Mais son prédécesseur n'accepte pas son éviction et va tout faire pour reprendre sa place en tentant de faire virer, par tous les moyens, son successeur. D'autant plus que l'animal à cornes fréquente en plus Nora, une femme travaillant à la programmation du show, accessoirement également ancienne compagne de Randolph. Ce scénario, écrit par Adam Resnick, s'avère être extrêmement plaisant à visionner pendant toute sa durée d'environ une heure et quarante-cinq minutes. On assiste pendant tout ce temps à une intrigue succulente se déroulant dans un univers pour enfant ou pourtant les adultes s'écharpent afin d'amasser le pactole généré par cette machine à fric télévisuelle cherchant aussi à faire fructifier tout cela avec des produits dérivés en tout genre, alors que l'homme sous le costume du rhinocéros violet souhaite préserver les consommateurs avec son intégrité et son éthique. Tout cela donne lieu à des scènes toutes plus jouissives les unes que les autres dans lesquels on essaye de faire tomber de son piédestal cet animal coloré en mousse. Le ton se veut particulièrement drôle à la faveur de son humour cruel décrochant d'innombrables rires et sourires de bout en bout. L'ensemble est porté par des personnages délicieux, interprétés par une superbe distribution s'en donnant à cœur joie comprenant Robin Williams dans un rôle d'antagoniste à contre-emploi aussi inattendu que réjouissant. Il est totalement obsédé par l'idée de faire chuter son rival à qui il voue une haine féroce. Un rival joué par un Edward Norton endossant un costume lui aussi à contre-emploi. Ils sont entourés par de très beaux autres noms comme ceux de Danny DeVito lui-même, Catherine Keener, Jon Stewart, Pam Ferris, Danny Woodburn, Michael Rispoli, Vincent Schiavelli, Bruce McFee et Harvey Fierstein. Tous ces individus entretiennent des relations conflictuelles absolument savoureuses provoquants beaucoup d'amusement mais également quelques moments plus touchants. Des échanges soutenus par des dialogues imagés complètement hilarants comportant des répliques vraiment marquantes. Sur la forme, la réalisation du cinéaste américain se veut sacrément qualitative. Sa mise en scène fait preuve de narration visuelle et de créativité et évolue dans des environnements variés du plus bel effet entre décors en carton-pâte de l'émission et lieux plus sombres tranchant radicalement avec l'ambiance en plateau. Ce visuel ambivalent est accompagné par une très bonne b.o. faite de titres éclectiques préexistants, compositions personnelles de David Newman, et chansons marrantes chantées par la mascotte lors de ses émissions. Cette guéguerre télévisuelle s'achève sur une fin satisfaisante venant mettre un terme à Crève, Smoochy, Crève, qui, en conclusion, est un long-métrage carrément génial méritant grandement d'être découvert.