A peine plus d'un mois après "La colline où rugissent les lionnes", voici qu'un deuxième film kosovar est arrivé sur nos écrans. Les deux films ont été réalisés par des femmes et nous parlent de la condition féminine dans ce pays. La grande différence entre ces deux films est que "La ruche" est beaucoup plus réussi que "La colline où rugissent les lionnes". "La ruche" est inspiré de la véritable histoire de Fahrije Hoti, une femme qui, depuis plus de 20 ans, n'a toujours pas la certitude d'être veuve. En effet, en mars 1999, le village kosovar de Krusha e Madhe a été l'objet d'un massacre perpétré par les forces serbes, 250 hommes et garçons étant assassinés. Une soixantaine d'entre eux n'a jamais pu être identifiés, dont Bashkim, le mari de Fahrije. Peut-être, après tout, avait-il réussi à s'enfuir ! Dans ces conditions, que peuvent faire ces presque veuves ? Pour Fahrije, il faut à la fois continuer à espérer et continuer à exister. Continuer à exister, pour elle, cela consiste à pouvoir assurer une vie décente à ses 2 enfants et à son beau-père, un homme âgé qui se déplace en chaise roulante. Et cette vie décente, il est possible de l'assurer en fabricant de l'ajvar, un condiment à base de poivrons, de façon artisanale, avec les autres "veuves" du village. Seul problème, mais de taille : Fahrije vit dans une société ultra patriarcale où il est exclu qu'une femme fasse un autre travail que celui consacré aux tâches ménagères, où le fait pour une femme de conduire une voiture et de se rendre seule à la ville voisine suffit à la faire taxer de trainée. Pour ce film porté par une impressionnante Yllka Gashi, l'interprète de Fahrije, premier film de l'histoire de Sundance à gagner les 3 catégories principales (Prix du jury, prix du public et meilleure direction de Sundance 2021) dans la section films étrangers, Bierta Basholli a fait le choix d'une réalisation très retenue, et même parfois un peu trop retenue.