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Arnaud A.
7 abonnés
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4,0
Publiée le 6 décembre 2022
Un film original sur le déclassement des classes moyennes éduquées, exclues par la crise de la bourgeoisie culturelle et refusant, dans une vaillance d'un comique sombre, de rejoindre les rangs du prolétariat. A la réflexion, il y a un air de famille inattendu entre ce film et le vieux Drôle de paroissien, de Jean-Pierre Mocky. La complicité entre la réalisatrice et sa mère, qui jouent les deux rôles principaux du film, donne un bel atout au film, ainsi que les images de la ville de Gijon, filmée en noir et blanc et toujours à hauteur d'homme (ou de femme), la rareté des plans larges et des horizons dégagés ajoutant à l'impression d'enfermement. C'est aussi une forme de plaidoyer pour l'amour même apparemment éculé des siens (la mère, le chat) contre la fausseté de la vie moderne. A voir.
Maria et Leonor, mère et fille, tentent de mener une vie décente malgré la crise. Elles savent qu'elles sont dans une situation très compliquée financièrement parlant, mais elles font comme si de rien n'était. Elles essaient du moins... Pour son premier film, Amalia Ulman partage l'affiche avec sa maman avec qui elle forme un duo aussi attachant qu'amusant. Pour son histoire, la jeune réalisatrice s'est inspirée de la véritable histoire de Justina et Ana Belén qui ont escroqué de nombreux commerçants à Gijón alors que la crise économique faisait rage. Entre les vols, les achats à crédit ou les usurpations d'identités, les deux femmes ne reculent devant rien pour conserver le train de vie qu'elles estiment mériter. Lors de la première scène du film, Leonor hésite même à se prostituer, mais elle se dit qu'une fellation pour le prix d'un livre ne vaut vraiment pas la peine. Tout le film est dans ce ton-là avec un humour plus ironique qu'absurde. Lors d'un entretien, on propose à Leonor d'être payé en "visibilité" tandis que la mère passe plus son temps à pleurer son chat que son mari. C'est plein de petits détails comme ça et malgré ce qu'elles vivent, les deux femmes ne semblent pas décider à travailler avec Leonor qui rejette même la possibilité de travailler à McDonald. Si l'histoire est un peu décousue, "El Planeta" est un sympathique premier film qui est original et stylé sur le plan visuel en plus d'être porté par un duo qui s'amuse et nous amuse.
Ce duo mère-fille, à la ville comme à l'écran, rayonne dans ce drame qui dépeint l'effet de cliquet et les conséquences de la crise en Espagne. La complicité évidente entre les deux actrices illumine un récit qui sait prendre son temps, dur et pourtant teinté de touches humoristiques bien senties, et au visuel fort fait de plans fixes toujours bien pensés. Tout n'est pas parfait, l'intrigue s'éssouflant un peu sur la fin, mais ce premier long-métrage de Amalia Ulman n'en reste pas moins très prometteur.