Les Patrice Leconte se succèdent et se ressemblent, de petits films peu intéressants, qu’on regarde en se demandant pourquoi le plus souvent tellement l’intérêt est ténu, et le postulat alléchant mal développé !
Encore une fois Leconte nous livre un film étriqué, cherchant en à peine 1 heure 20 à nous offrir un descriptif du milieu de la prostitution à son crépuscule, une histoire d’amour après nous avoir offert la genèse du personnage de Timsit, le tout avec un fond d’intrigue liée au banditisme, bref un sacré mélange bien trop complexe à traiter en 1 heure 20. Du coup vous aurez une version readers digest, peu attrayante, trop rapide, trop superficielle, et de laquelle émerge de bons moments, notamment un final sympathique mais à mon sens qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Il y a de bonnes choses, c’est évident, mais pourquoi ne pas prendre ne serait-ce que 20 minutes en plus pour épaissir tout cela, donner une histoire d’amour plus consistante, fluidifier les transitions, mieux rendre compte de l’époque, ou plutôt de la fin de l’ère des maisons closes. Quand tout est traité superficiellement, on ne peut que s’ennuyer, et cela, même si le film est court !
Le casting est emmené par un trio d’acteurs plaisant sur le papier, moins convaincant dans les faits. Patrick Timsit n’est vraiment pas à l’aise dans un rôle dramatique, et il faut dire que son personnage a du mal à se faire une place entre Laetitia Casta et Elbaz, les deux tourtereaux ! Casta est étincelante, mais Leconte ne la met guère en valeur ! C’est dommage ! Elbaz pour sa part prend le film avec sérieux, mais son personnage, sorte de bohème bandit peu dégrossi est d’une inconsistance de chaque instant. Pour tout dire le casting est emprisonné par la fadeur scénaristique. Personnages superficiels, et donc interprétation qui prend des airs de superficialité, les interprètes ayant du mal à faire vivre des personnages comme ceux-ci, a fortiori lorsqu’à l’instar de Timsit les acteurs sont loin de leurs repères habituels.
La forme reste le bon point du film. Belle photographie, un peu trop dans le gris cependant, reconstitution d’époque appréciable bien que pas exceptionnelle, et Leconte, s’il a du mal à sublimer son actrice principale livre quelques jolies moments romantiques. Il a toutefois du mal à se départir de clichés de mise en scène, à l’instar du final ultra-classique du genre. Maintenant le film est esthétisant, c’est un fait, mais c’est sûr que c’est aussi académique. Il y a aussi un gros manque de sensualité pour un film censé évoluer dans le milieu des maisons closes. La bande son est sympathique mais classique, c’est ancré dans l’époque.
Rue des plaisirs est au final un film froid, académique, trop superficiel et classicisant pour attirer. Comme la plupart des Leconte ça se laisse voir par sa durée courte et quelques petites qualités de ci de là, mais ça ne passe pas. 1.5