Le film ne manque pas de qualités avec plusieurs scènes drôles ou touchantes (baisers vus à travers un écran psychédélique, conversation à travers un casier, façon confessionnal) mais son principal défaut est le manque de rythme (important et plus visible sur un long métrage par rapport à un court métrage) qui est lié à une dispersion de la narration. Le sujet est conventionnel, à savoir la rencontre de 2 personnes, ayant une activité manuelle, l’une indispensable car concierge et homme à tout faire mais faisant partie des meubles (on le surnomme le Mammouth), Hubert (Grégory Gadebois), fan du déhanché d’Elvis Presley et l’autre, Maria Rodrigues (Karin Viard), femme de ménage, mariée à Oratio, Portugais travaillant dans le bâtiment, habitant un pavillon de Seine-et-Marne qu’elle rejoint chaque jour par le R.E.R. D et écrivant des poèmes. Les rapports entre bourgeois et employés de maison, parfois d’origine étrangère, ont déjà été traités dans « Le hérisson » (2009) de Mona Achache, « Les femmes du 6e étage » (2011) de Philippe Le Guay et « La cage dorée » (2013) de Ruben Alves. La bonne idée est de faire évoluer les 2 personnages dans un milieu auquel ils n’appartiennent pas et n’ont pas forcément les codes, celui de l’école des Beaux-Arts de Paris et où les réalisateurs se moquent de l’art post-moderne et des « performances », avec beaucoup plus de talent et d’humour que Ruben Ostlünd dans « The square » (2017) et pourtant Palme d’or à Cannes. Renonçant à un film social façon Ken Loach, les réalisateurs ont choisi de raconter une bluette sentimentale mille fois vue, certes sympathique et, de plus, polluée par l’intervention de l’entourage familial de Maria, trop peu développé. Il fallait se concentrer sur l’école des Beaux-Arts, superbe microcosme, et après la critique de l’art contemporain, développer la relation entre Naomie (Noée ABITA, 23 ans) et Maria, la première lui faisant découvrir l’art sans condescendance et la seconde, la conseillant, un peu comme une mère. D’ailleurs, le titre est mal choisi car si Maria souhaite changer de vie, elle ne rêve pas mais découvre une autre façon de vivre.