Pour son premier long-métrage, Katy Grannan nous entraîne au cœur des laissés-pour-compte de l’Amérique, à l’image de cet autre documentaire : Vacancy (2019), de Alexandra Kandy-Longuet.
Une immersion glaçante au sein d’une petite communauté résidant sur la South Ninth Street (South 9th St) de Modesto, plus communément appelée « The Nine » (la 9ème rue), en Californie. Ces résidents ont tous plus ou moins fait leur deuil de « l’American way of life », habitent dans des taudits, au cœur d’un quartier délabré et laissé à l’abandon par la municipalité.
Katy Grannan a mis ses talents de photographe a contribution, pour nous retranscrire un très beau et très dur documentaire sur des marginaux livrés à eux même, n’ayant plus que la drogue pour se raccrocher à leurs rêves et étant parfois obligés de vendre leur corps pour subvenir à leurs besoins.
Il en résulte un documentaire à la fois poétique et déchirant, loin de l’image de carte postale que nous renvoie habituellement la Great Central Valley. The Nine (2016) nous offre de très beaux portraits (parfois intimes), de Kiki, Robert, Wanda, Tony, Ginger ou encore Chastity. Des âmes errantes et en peine, (sur)vivants au cœur d’un no man’s land en marge de la société. Brillant, émouvant & terriblement réaliste, la réalisatrice lève le voile sur une zone d’ombre de l’Amérique, que ce pays tend à laisser mourir dans un coin.