Un documentaire édifiant qui lève le voile sur des pratiques dangereuses et parfois à la limite de la légalité (quant elles n’enfreignent pas tout simplement les Droits de l’Homme) et dresse un bilan de l’obsession sécuritaire mondiale.
Tour d’horizon de ce qui se fait aux quatre coins du globe, de la France en passant par Israël, des États-Unis à la Chine, les réalisateurs Sylvain Louvet et Ludovic Gaillard se sont intéressés à ce qui poussent ces grandes puissances à se lancer dans une course contre la montre vers les technologies de surveillance. « Les actes terroristes sont passés de 4 millions à 14 millions par an », les villes et pays se protègent, donnant naissance à un nouveau marché, celui de la « vidéo intelligente ». Et il n’est pas surprenant de constater qu’Israël soit devenu le principal fournisseur de logiciel de tracking et de reconnaissance faciale, « Nous sommes 6 millions de juifs, entourés par 360 millions d’arabes » dixit le directeur d’un centre de cybersécurité. Avec de pareils chiffres, pas étonnant qu’Israël se soit lancé dans la course à l’intelligence artificielle il y a 20ans.
Les réalisateurs s’intéressent à Nice qui, depuis les attentats de 2016, se targue de vouloir devenir une « safe-city » avec ses caméras intelligentes (en provenance d’Israël). Ajoutez à cela, un focus au pays de l’Oncle Sam avec le fichage des américains et son tant décrié "Patriot Act" (suite aux attentats du 11/09) qui ne devait durer 4ans et qui… 18ans plus tard, est toujours d’actualité. Sous couvert de vouloir protéger ses concitoyens, des pays se convertissent consciemment ou non en dictature numérique, au risque de virer au cauchemar, comme cela est le cas en Chine, où le totalitarisme numérique y est revendiqué.
Elle est même devenue la 1ère dictature numérique au monde. Il y avait 100 millions de caméras avant l’investiture de Xi Jinping, désormais il y en a plus de 600 millions en 2020 (soit 1 caméra pour 2 chinois). Le pays s’enlise inextricablement vers un point de non retour, entre le flicage de ses citoyens et l’ethnocide culturel des ouïghours (sous étroite surveillance, quand ils ne sont tout simplement pas internés dans des camps de « rééducation »), sans parler du système de "crédit social" (un système permettant de noter les citoyens, plus votre note est basse, plus vos droits sont restreints). « S’il existait en France, vous n’auriez jamais eu les Gilets Jaunes » dixit Lin Junyue, l’inventeur du procédé.
Mais la France est loin d’être irréprochable, comme en atteste son fameux programme "TES" (pour "Titres Électroniques Sécurisés"), un programme qui collecte depuis de nombreuses années diverses informations nous concernant (en dehors de nos données personnelles, il contient aussi notre photo d’identité, notre signature et nos empreintes digitales).
Sommes-nous vraiment prêts à laisser autant de place à des technologies aussi intrusives & invasives ? Sous couvert de se prémunir des attaques terroristes (les États-Unis et leurs drones tueurs autonomes) ou de la criminalité (la Chine et ses caméras à reconnaissance faciale), les grandes puissances sont en train d’ouvrir les portes de Pandore et nous entraîner vers des dérives extrêmement graves. Ces nouvelles technologies, lorsqu’elles servent un régime totalitaire, deviennent contre-productives et néfaste pour l’Homme. Il est grand temps de faire machine arrière.