Voilà un film que j'aurais aimé mieux noter, mais son développement maladroit et erratique ne mérite pas plus que 2 étoiles, hélas.
Cristi est gendarme à Bucarest. Il héberge pour quelques temps un partenaire sexuel occasionnel, qu'il découvre musulman pratiquant, et qu'il doit présenter à sa sœur qui s'impose chez lui. Cristi délaisse son amant de passage pour une mission de soutien de la police lors de l'interruption d'un film comportant des scènes saphiques par un groupuscule d'intégristes de l'Église orthodoxe roumaine. Pendant cette intervention, il est pris à parti par un spectateur gay qui prétend avoir déjà eu une relation avec lui.
Pour se débarrasser de cet importun, Cristi le frappe sérieusement. Afin d'éviter que ce geste malencontreux n'éclabousse la gendarmerie, sa hiérarchie cantonne Cristi dans la salle de projection devenue déserte. Plusieurs de ses collègues viennent l'encadrer successivement, certains le soutenant, d'autres l'accablant, pendant que lui-même se demande ce que l'agressé peut raconter à son chef de groupe.
La question posée en filigrane lors du long final en forme de huis-clos théâtral assez intense (comment assumer son identité homosexuelle dans un milieu machiste à tendance homophobe, dans un pays à peine sorti d'une dictature sanguinaire, surtout quand soit même, malgré des galipettes répétées avec des hommes, on considère l'homosexualité comme une déviance !?) aurait mérité un meilleur développement. Hélas, le film se perd d'abord dans une introduction oiseuse qui ne mène à rien (alors que de nombreux thèmes intéressants y sont abordés sans aucun développement : sexualité débridée, homosexualité et islam, rejet de soi, autodestruction, incompréhension de la sœur, pour qui être gay n'est qu'une "phase" transitoire, intolérance, etc.), puis dans des bavardages inutiles qui noient le propos, des scènes sans profondeur, ni réelle incarnation (longue scène de face à face entre spectateurs du film interrompu et intégristes religieux orthodoxes). Le montage en plans fixes un peu longuets renforce cette lourdeur erratique du film.
Heureusement Conrad Mericoffer (Cristi) livre un jeu subtil et convainquant du gendarme tourmenté, soutenu adroitement par plusieurs acteurs tenant des rôles secondaires (collègues gendarmes).
Dernier point : pourquoi la version française est-elle affublée d'un titre en Anglais ????!!!! Le titre original roumain est "Câmp de maci" = "Champs de pavot" (ou coquelicots)... Titre qui reste assez abscons !