Nous sommes dans un village fictif de Turquie, c'est l'été et la chaleur est au rendez-vous, les élections municipales approchent, l'eau devient rare aux robinets et le tarissement de la nappe phréatique entraîne régulièrement des effondrements de terrain de type dolines. Arrive dans cette petite ville Emre, un nouveau procureur. Il est jeune, il n'a pas une grande expérience, il n'a pas l'air de savoir que la ville a pour sale habitude de se débarrasser rapidement des procureurs qu'on lui envoie et, ayant la loi pour lui, il est persuadé que le respect du droit lui permettra de régler tous les problèmes qui se présenteront. Au départ surpris que les invitations à dîner "pleuvent" régulièrement sur lui, il va vite se retrouver pris en étau entre, d'un côté, le maire de la ville et son fils, un avocat, de l'autre, le fils adoptif de l'ancien maire, par ailleurs responsable du journal local d'opposition au maire. On retrouve dans ce film les problèmes liés à la corruption, au populisme d'un maire qui cherche à se faire réélire en promettant de faire revenir l'eau aux robinets, à l'homophobie, à la violence masculine, à la pratique du viol. Après une première heure remarquable, on regrette que le réalisateur ait voulu embrasser trop de thèmes et que son film s'égare de plus en plus dans un mélange mal maîtrisé de western, de thriller et de film fantastique, mélange dans lequel il est difficile de s'y retrouver. Il y a 10 ans, à la sortie de "Derrière la colline", le premier long métrage de Emin Alper, nous avions parlé de western décalé tourné par un émule de Nuri Bilge Ceylan en ajoutant "Il faut toutefois reconnaître que Emin Alper, dont c'est le premier long métrage, a toutefois de gros progrès à faire pour arriver au niveau de celui qui est un des plus grands réalisateurs de notre époque". "Burning days", le 4ème film du réalisateur, présenté à Cannes 2022 dans la sélection Un Certain regard, montre un certain progrès, mais la marche est tellement haute ... En tout cas, le film a tellement déplu aux autorités turques que le ministère de la Culture turc a exigé le remboursement des aides accordées au film, soit 100 000 euros, affirmant que le scénario avait été modifié sans leur consentement.