C'est un pur film de mise en scène, dans le sens où l'on perçoit une intention de réalisation derrière chaque plan. Tout est intelligemment filmé de façon à créer progressivement une tension, sans aucun artifice.
Grâce à un scénario très bien écrit, l'on assiste, impuissants, à l'arrivée de ce jeune procureur (excellent @selahattinpasali), un peu trop sûr de lui sans doute, au fin fond de l'Anatolie, et qui voit petit à petit le piège se refermer sur lui, dans un village où l'on va chercher à lui faire payer ses excès de zèle. Difficile de savoir à qui se fier dans ce panier de crabes où les personnages sont tous plus ambigus les uns que les autres.
Le procédé scénaristique du flashback qui vient, par petites touches, tout au long du film, apporter les clés, n'est certes pas le plus innovant mais il fonctionne ici, grâce à un montage très réussi qui brouille habilement les cartes entre passé et présent, souvenirs et réalité.
Tour à tour polar, thriller politique, le film ose même s'aventurer sur un terrain homo-érotique, en racontant avec beaucoup de subtilité, et sans jamais en faire un sujet central, la relation de deux personnages qui cherchent et qui se cherchent. La fin du film en devient alors encore plus vertigineuse, cette chasse à l'homme initialement politique prenant alors des airs de lynchage homophobe.
Les forces du film peuvent aussi en devenir ses limites. En abordant toutes ces thématiques et en construisant une narration sous tension, qui tient le spectateur en haleine et en attente d'un climax, le réalisateur nous fait peut-être perdre de vue le propos central du film, à savoir la corruption des élites.
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