Un jeune procureur, Emre, plutôt BCBG vient prendre ses fonctions dans une petite ville d’Anatolie Centrale…à peine arrivé il se heurte au folklore local, chasse au sanglier dans les rues, coups de feu… Constatant des tirs en l’air, en zone résidentielle ou en plein centre lors de cette chasse au sanglier, il compte bien s’attaquer aux fautifs, pour le danger qu’ils engendrent. Mais, il se retrouve vite aux prises avec un maire roublard, son fils bravache, avocat de son métier…un journaliste aux desseins ambigües et menaçant, une juge complice… le problème du village est la surexploitation des nappes phréatiques qui provoque l’apparition de gouffres béants engloutissant maisons et bétail, un problème qui tient moins de l’écologie que de la corruption locale …son prédécesseur qui a brutalement disparu s’était confronté au dossier …il doit le reprendre en l’attente d’un hypothétique procès…Au cours d’un diner trop arrosé dans le jardin du maire, cette nuit-là, les codes de la fraternité masculine passent progressivement de l’humour au malaise si ce n’est à la terreur…Le lendemain, Emre se réveille en apprenant le viol de la danseuse tsigane, une des dernières personnes qu’il a vue avant de sombrer dans un profond sommeil …. Son enquête va dévier sur ce qui a bien pu se passer cette nuit-là…
Ce film, que l’on doit au réalisateur turc Emin Alper, présenté l’an dernier à la sélection cannoise Un certain regard, a été l’objet d’une polémique à sa sortie en Turquie, non par son sujet (en gros, la corruption et l’étouffoir démocratique du pays raconté à l’échelle d’un village déshydraté en Anatolie) mais en raison d’une attirance homosexuelle suggérée entre deux personnages masculins principaux, un jeune procureur et un journaliste.
Le gouvernement turc a accusé le film de « propagande LGBT » et le ministère de la Culture a demandé le remboursement de ses aides. « La question des LGBTI + est la véritable ligne rouge de l’Etat qui révèle ainsi son homophobie institutionnelle », assurait le réalisateur Emin Alper. Le film a fait plus de 250 000 entrées en Turquie, devenant un emblème protestataire contre le régime réactionnaire d’Erdogan
… Emin Alper a choisi le thriller psychologique comme cheval de Troie pour pénétrer le cœur des travers de la société turque contemporaine : corruption, impunité des élites, populisme, masculinité revendiquée, homophobie…. Le film progresse comme un lent piège qui se referme autour d’Emre... Peinture d’un étouffoir mêlant pathologies sociales, politiques, environnementales, Burning Days avait un peu désorienté la critique à Cannes.
On reprochera au film de tirer un peu en longueur avant de lâcher son final nerveux…et à Emin Almer d’abuser de ces flash-back, censés représenter si les images mentales qui agitent Emre sont de simples hypothèses ou le désir de ce qu’il voudrait que la réalité fût ... Almer joue habilement des faux semblants pour semer la confusion dans la tête du spectateur … et malheureusement il y arrive !! Et je comprends que la critique ait été désorientée à Cannes…moi je l'ai été !!!